rtueux des fleuves sur les cartes de geographie, demandait:
--Et du lievre--y en a-t-il, du lievre?...
Hautot pere, repondit:
--Tant que vous en voudrez, surtout dans les fonds du Puysatier.
--Par ou commencons-nous?--interrogea le notaire, un bon vivant de
notaire gras et pale, bedonnant aussi et sangle dans un costume de
chasse tout neuf, achete a Rouen l'autre semaine.
--Eh bien, par la, par les fonds. Nous jetterons les perdrix dans la
plaine et nous nous rabattrons dessus.
Et Hautot pere se leva. Tous l'imiterent, prirent leurs fusils dans les
coins, examinerent les batteries, taperent du pied pour s'affermir dans
leurs chaussures un peu dures, pas encore assouplies par la chaleur du
sang; puis ils sortirent; et les chiens se dressant au bout des attaches
pousserent des hurlements aigus en battant l'air de leurs pattes.
On se mit en route vers les fonds. C'etait un petit vallon, ou plutot
une grande ondulation de terres de mauvaise qualite, demeurees incultes
pour cette raison, sillonnees de ravines, couvertes de fougeres,
excellente reserve de gibier.
Les chasseurs s'espacerent, Hautot pere tenant la droite, Hautot fils
tenant la gauche, et les deux invites au milieu. Le garde et les
porteurs de carniers suivaient. C'etait l'instant solennel ou on attend,
le premier coup de fusil, ou le coeur bat un peu, tandis que le doigt
nerveux tate a tout instant les gachettes.
Soudain, il partit, ce coup! Hautot pere avait tire. Tous s'arreterent
et virent une perdrix, se detachant d'une compagnie qui fuyait a
tire-d'aile, tomber dans un ravin sous une broussaille epaisse. Le
chasseur excite se mit a courir, enjambant, arrachant les ronces qui le
retenaient, et il disparut a son tour dans le fourre, a la recherche de
sa piece.
Presque aussitot, un second coup de feu retentit.
--Ah! ah! le gredin, cria M. Bermont, il aura deniche un lievre
la-dessous.
Tous attendaient, les yeux sur ce tas de branches impenetrables au
regard.
Le notaire, faisant un porte-voix de ses mains, hurla: "Les avez-vous?"
Hautot pere ne repondit pas; alors, Cesar, se tournant vers le garde,
lui dit: "Va donc l'aider, Joseph. Il faut marcher en ligne. Nous
attendrons".
Et Joseph, un vieux tronc d'homme sec, noueux, dont toutes les
articulations faisaient des bosses, partit d'un pas tranquille et
descendit dans le ravin, en cherchant les trous praticables avec des
precautions de renard. Puis, tout de suite, il cria:
--O
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