FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   52   53   54   55   56   57   58   59   60   61   62   63   64   65   66   67   68   69   70   71   72   73   74   75   76  
77   78   79   80   81   82   83   84   85   86   87   88   89   90   91   92   >>  
de la boutique de papa, il y avait un tailleur, lequel etait pere d'une fille. Je l'aimai. Elle etait intelligente, ayant conquis ses diplomes d'instruction superieure, et avait un esprit vif, sautillant, tres en harmonie, d'ailleurs, avec sa personne. On lui eut donne quinze ans bien qu'elle en eut plus de vingt-deux. C'etait une toute petite femme, fine de traits, de lignes, de ton, comme une aquarelle delicate. Son nez, sa bouche, ses yeux bleus, ses cheveux blonds, son sourire, sa taille, ses mains, tout cela semblait fait pour une vitrine et non pour la vie a l'air. Pourtant elle etait vive, souple et active incroyablement. J'en fus tres amoureux. Je me rappelle deux ou trois promenades au jardin du Luxembourg, aupres de la fontaine de Medicis, qui demeureront assurement les meilleures heures de ma vie. Tu connais, n'est-ce pas, cet etat bizarre de folie tendre qui fait que nous n'avons plus de pensee que pour des actes d'adoration? On devient veritablement un possede que hante une femme, et rien n'existe plus pour nous a cote d'elle. Nous fumes bientot fiances. Je lui communiquai mes projets d'avenir qu'elle blama. Elle ne me croyait ni poete, ni romancier, ni auteur dramatique, et pensait que le commerce, quand il prospere, peut donner le bonheur parfait. Renoncant donc a composer des livres, je me resignai a en vendre, et j'achetai, a Marseille, la Librairie Universelle, dont le proprietaire etait mort. J'eus la trois bonnes annees. Nous avions fait de notre magasin une sorte de salon litteraire ou tous les lettres de la ville venaient causer. On entrait chez nous comme on entre au cercle, et on echangeait des idees sur les livres, sur les poetes, sur la politique surtout. Ma femme, qui dirigeait la vente, jouissait d'une vraie notoriete dans la ville. Quant a moi, pendant qu'on bavardait au rez-de-chaussee, je travaillais dans mon cabinet du premier qui communiquait avec la librairie par un escalier tournant. J'entendais les voix, les rires, les discussions, et je cessais d'ecrire parfois, pour ecouter. Je m'etais mis en secret a composer un roman--que je n'ai pas fini. Les habitues les plus assidus etaient M. Montina, un rentier, un grand garcon, un beau garcon, un beau du Midi, a poil noir, avec des yeux complimenteurs, M. Barbet, un magistrat, deux commercants, MM. Faucil et Labarregue, et le general marquis de Fleche, le chef du parti royaliste, le plus gros personnage de la province, un vieux de soi
PREV.   NEXT  
|<   52   53   54   55   56   57   58   59   60   61   62   63   64   65   66   67   68   69   70   71   72   73   74   75   76  
77   78   79   80   81   82   83   84   85   86   87   88   89   90   91   92   >>  



Top keywords:
composer
 

livres

 

garcon

 

achetai

 

surtout

 

politique

 
poetes
 
resignai
 
vendre
 

jouissait


Renoncant

 

notoriete

 

parfait

 
Marseille
 

dirigeait

 

cercle

 

bonnes

 

lettres

 

litteraire

 

annees


magasin

 

venaient

 

avions

 

echangeait

 
Librairie
 

Universelle

 

causer

 

entrait

 
proprietaire
 

escalier


complimenteurs

 

magistrat

 
Barbet
 

rentier

 
habitues
 

assidus

 

etaient

 

Montina

 
commercants
 

royaliste


personnage
 
province
 

Labarregue

 

Faucil

 

general

 

marquis

 
Fleche
 

premier

 

cabinet

 

communiquait