FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   17   18   19   20   21   22   23   24   25   26   27   28   29   30   31   32   33   34   35   36   37   38   39   40   41  
42   43   44   45   46   47   48   49   50   51   52   53   54   55   56   57   58   59   60   61   62   63   64   65   66   >>   >|  
, de cette fille pour qui j'eprouvais en meme temps une sorte de dedain paternel. Pendant six mois tout alla bien, puis je sentis qu'elle redevenait nerveuse, agitee, un peu triste. Je lui dis, un jour: --Est-ce que tu veux retourner chez toi? --Oui, je veux. --Tu n'osais pas me le dire? --Je n'osais pas. --Va, je permets. Elle saisit mes mains et les baisa comme elle faisait en tous ses elans de reconnaissance, et, le lendemain, elle avait disparu. Elle revint, comme la premiere fois, au bout de trois semaines environ, toujours deguenillee, noire de poussiere et de soleil, rassasiee de vie nomade, de sable et de liberte. En deux ans elle retourna ainsi quatre fois chez elle. Je la reprenais gaiment, sans jalousie, car pour moi la jalousie ne petit naitre que de l'amour, tel que nous le comprenons chez nous. Certes, j'aurais fort bien pu la tuer si je l'avais surprise me trompant, mais je l'aurais tuee un peu comme on assomme, par pure violence, un chien qui desobeit. Je n'aurais pas senti ces tourments, ce feu rongeur, ce mal horrible, la jalousie du Nord. Je viens de dire que j'aurais pu la tuer comme on assomme un chien qui desobeit! Je l'aimais en effet, un peu comme on aime un animal tres rare, chien ou cheval, impossible a remplacer. C'etait une bete admirable, une bete sensuelle, une bete a plaisir, qui avait un corps de femme. Je ne saurais vous exprimer quelles distances incommensurables separaient nos ames, bien que nos coeurs, peut-etre, se fussent froles, echauffes l'un l'autre, par moments. Elle etait quelque chose de ma maison, de ma vie, une habitude fort agreable a laquelle je tenais et qu'aimait en moi l'homme charnel, celui qui n'a que des yeux et des sens. Or, un matin Mohammed entra chez moi avec une figure singuliere, ce regard inquiet des arabes qui ressemble au regard fuyant d'un chat en face d'un chien. Je lui dis, en apercevant cette figure. --Hein? qu'y a-t-il? --Allouma il est parti. Je me mis a rire. --Parti, ou ca? --Parti tout a fait, moussie! --Comment, parti tout a fait? --Oui, moussie. --Tu es fou, mon garcon? --Non, moussie. --Pourquoi ca parti? Comment? Voyons? Explique-toi! Il demeurait immobile, ne voulant pas parler; puis, soudain il eut une de ces explosions de colere arabe qui nous arretent dans les rues des villes devant deux energumenes, dont le silence et la gravite orientales font place brusquement aux plus extremes gest
PREV.   NEXT  
|<   17   18   19   20   21   22   23   24   25   26   27   28   29   30   31   32   33   34   35   36   37   38   39   40   41  
42   43   44   45   46   47   48   49   50   51   52   53   54   55   56   57   58   59   60   61   62   63   64   65   66   >>   >|  



Top keywords:

aurais

 

jalousie

 

moussie

 

assomme

 

figure

 
Comment
 

regard

 

desobeit

 
Mohammed
 

Pendant


singuliere

 

paternel

 

extremes

 
dedain
 

fuyant

 
inquiet
 

arabes

 

ressemble

 
charnel
 

froles


echauffes

 

moments

 

fussent

 

coeurs

 

quelque

 

laquelle

 

tenais

 

aimait

 
agreable
 

habitude


maison

 
apercevant
 

immobile

 

voulant

 

parler

 

soudain

 

demeurait

 

Pourquoi

 

Voyons

 

Explique


explosions

 

villes

 

devant

 
energumenes
 

colere

 

arretent

 
garcon
 
Allouma
 

silence

 

orientales