e j'oublie tout. Nous etions tous
descendus pour nous reposer et marcher un peu, car nous etions dix
dans la voiture; j'avais fait descendre Saveli le cocher et Dmitri le
postillon. Mon second fils, Yegor, a imagine de casser une branche dans
le bois et de taper les chevaux, qui sont partis ventre a terre; j'ai
fait courir Saveli et Dmitri tant qu'ils ont pu se tenir sur leurs
jambes: impossible de rattraper ces maudits chevaux. Alors j'ai
seulement fouette Yegor, et puis nous nous sommes tous entasses avec les
enfants et les bonnes dans le fourgon des domestiques, et nous avons ete
longtemps en route, parce que les chevaux avaient de la peine a tirer.
J'ai fait pousser a la roue par les domestiques pour aller plus vite,
mais ces imbeciles se fatiguaient quand les chevaux avaient galope dix
minutes, et ils tombaient sur la route; il y en a meme un qui est reste
quelque part sur le chemin. Il reviendra plus tard."
Le general, se retournant vers ses domestiques, donna des ordres pour
qu'on allat plus vite avec une charrette a la recherche de ce pauvre
garcon.
Madame Papofski: "Ah! mon cher oncle! comme vous etes bon! Vous etes
admirable!"
Le general, quittant le bras de sa niece: "Assez, Maria Petrovna; je
n'aime pas les flatteurs et je deteste les flatteries. Voici votre
appartement; entrez, je vous suis."
Mme Papofski rougit, entra et se trouva en face de Mme Derigny et des
enfants, qui achevaient les derniers embellissements dans la chambre de
la niece du general. Mme Derigny salua; Jacques et Paul firent leur;
petit salut; Mme Papofski leur jeta un regard hautain, fit une legere
inclinaison de tete et passa. Le general, mecontent du froid accueil
fait a ses favoris, fit un demi-tour, se dirigea, sans prononcer un seul
mot, vers la porte de la chambre, apres avoir fait a Mme Derigny et a
ses deux enfants signe de le suivre, et sortit en fermant la porte apres
lui.
Il retrouva dans le corridor les huit enfants de Mme Papofski, ranges
contre le mur.
Le general: "Que faites-vous donc la, enfants?"
Sonushka: "Mon oncle, nous attendons que maman nous permette d'entrer."
Le general: "Comment, imbeciles! vous ne pouvez pas entrer sans
permission?"
Mitineka: "Oh non! mon oncle: maman serait en colere."
Le general: "Que fait-elle quand elle est en colere?"
Yegor: "Elle nous bat, elle nous tire les cheveux."
Le general: "Attendez, mes amis, je vais vous faire entrer, moi; suivez.
moi et ne craignez ri
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