uereller entre eux."
Le general avait entendu Natasha et sa niece; il ne dit rien, se leva,
laissa entrer au salon Mme Dabrovine et sa suite, entra lui-meme dans
la galerie, tira vigoureusement les cheveux et les oreilles aux trois
aines, distribua quelques coups de pied a tous, rentra au salon et se
remit dans son fauteuil.
Il appela Natasha.
"Dis-moi, mon enfant, qu'ont-ils fait a mon pauvre petit Paul.
Mon oncle, nous jouions aux malades. Paul etait un des malades;
Mitineka, Sonushka et Yegor, qui etaient les medecins, ont voulu le
forcer a avaler une boulette de toiles d'araignees; le pauvre petit
s'est debattu Jacques est accouru pour le defendre; ils ont battu
Jacques, qui ne leur a pas rendu un seul coup; ils l'ont jete par terre,
et ils allaient s'emparer de nouveau de Paul malgre les prieres de
Jacques, quand Alexandre et Michel, indignes, sont venus au secours de
Jacques et de Paul, et ont ete obliges de se battre contre Mitineka,
Sonushka et Yegor, qui n'ont pas voulu nous ecouter quand nous leur
avons dit que ce qu'ils faisaient etait mal et mechant. Alors maman est
entree, et Paul a ete delivre."
Pendant que Natasha racontait avec animation la scene dont Mme Dabrovine
avait vu la fin, le general donnait des signes croissants de colere. Il
se leva brusquement, et, s'adressant a Mme Papofski, qui rentrait au
salon:
"Madame, vos enfants sont abominablement eleves! Vous en faites des
tyrans, des sauvages, des hypocrites! Je ne veux pas de ca chez moi,
entendez-vous? Vous et vos mechants enfants, vous troublez la paix de
ma maison: vous changerez tous de manieres et d'habitudes, ou bien
nous nous separerons. Vous etes venue sans en etre priee, je sais bien
pourquoi, et, au lieu de faire vos affaires comme vous l'esperiez, vous
vous perdez de plus en plus dans mon esprit."
Mme Papofski fut sur le point de se livrer a un acces de colere, mais
elle put se contenir, et repondit a son oncle d'un ton larmoyant:"Je
suis desolee, mon oncle! desolee de cette scene! Je les fouetterai tous
si vous me le permettez; fouettez-les vous-meme si vous le preferez. Ils
ne recommenceront pas, je vous le promets.... Ne nous eloignez pas de
votre presence, mon cher oncle; je ne supporterais pas ce malheur."
Le general croisa les bras, la regarda fixement; son visage exprimait le
mepris et la colere. Il ne dit qu'un mot: MISERABLE! et s'eloigna.
Le general prit le bras de Natalie, la main de Natasha, appela
Alexand
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