coeur palpitant, il alla trouver son pere et sa mere.
Jacques: "Papa, maman, il faut vite dire au pauvre general que Mme
Papofski lui prendra tout, le fera enfermer, knouter, et nous aussi.
Il faut nous sauver avec le general et retourner avec tante Elfy."
Derigny.. "Tu perds la tete, mon Jacquot! Qu'est-ce qui te donne des
craintes si peu fondees? Comment Mme Papofski avec toute sa mechancete,
peut-elle faire du mal au general, et meme a nous, qui sommes sous sa
protection a lui?"
Jacques: "J'en suis sur, papa, j'en suis sur; voici ce que j'ai entendu:
"On veut me chasser: je ne m'en irai pas."
Et Jacques continua jusqu'au bout a redire a son pere et a sa mere les
paroles menacantes de Mme Papofski.
Derigny et sa femme n'eurent plus envie de rire des terreurs de Jacques,
qu'ils partagerent. Mais Derigny, toujours attentif a epargner a sa
femme et a ses enfants toute peine, toute inquietude, dissimula sa
preoccupation et les rassura pleinement.
"Soyez bien tranquilles, leur dit-il: je previendrai le general, et,
avec l'aide de Dieu, nous dejouerons ses plans et nous sauverons ce bon
general en nous sauvant nous-memes. Ne parle a personne de ce que tu as
entendu, mon enfant; si Mme Papofski savait qu'elle a parle tout haut et
que tu etais la, elle haterait sa vengeance, et nous n'aurions pas le
temps de la defense."
Jacques: "Je n'en dirai pas un mot, papa; mais ou est Paul?"
Derigny: "Il joue dehors depuis le dejeuner."
Jacques: "Je vais aller le rejoindre, papa. Quand il est seul, j'ai
toujours peur qu'il ne soit pris par ces mechants petits Papofski.
Devant le general, ils nous temoignent de l'amitie, mais, quand ils nous
trouvent seuls, il n'y a pas de sorte de mechancetes qu'ils ne cherchent
a nous faire."
Jacques alla dans la cour; Paul n'y etait plus. Il continua ses
recherches avec quelque inquietude, et apercut enfin son frere au bord
d'un petit bois, immobile et parlant a quelqu'un que Jacques ne voyait
pas. Il courut a lui, l'appela; Paul se retourna et lui fit signe
d'approcher. Jacques, en allant le rejoindre, lui entendit dire: "N'ayez
pas peur, c'est Jacques, il est bien bon, il ne dira rien."
Jacques: "A qui parles-tu, Paul?"
Paul: "A un pauvre homme si pale, si faible, qu'il ne peut plus
marcher."
Jacques jeta un coup d'oeil dans le bois, et vit en effet, a travers les
branches, un homme demi-couche et qui semblait pres d'expirer.
Jacques: "Qui etes-vous, mon pauvre homme?
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