us te donnerons
tout ce que tu voudras; pardonne-nous."
Paul: "Demandez pardon a maman: si elle vous pardonne, je vous
pardonnerai aussi."
Le groupe sanglotant se tourna vers Mme Derigny, en joignant les mains
et en demandant grace.
Madame Derigny: "Que Dieu vous pardonne comme je vous pardonne, pauvres
enfants; Et toi, Paul, ne fais pas le mechant et pardonne quand on te
demande pardon.
--Je vous pardonne comme maman, dit Paul d'un ton majestueux.
--Merci, merci; nous vous aimerons beaucoup: maman l'a ordonne. Adieu,
Francais; a demain."
Les huit enfants firent force saluts et reverences, et s'en allerent
avec autant de precipitation qu'ils etaient entres.
Derigny, qui avait ecoute et regarde en tournant sa moustache sans mot
dire, leva les epaules et soupira.
"Ces petits malheureux, comme ils sont eleves! Ce n'est pas leur faute
s'ils sont mechants, menteurs, calomniateurs, laches, hypocrites! Ils
sont terrifies par leur mere."
Jacques: "Papa, est-ce qu'il faudra jouer avec eux quand ils nous le
demanderont?"
Derigny: "Il faudra bien, mon Jacquot, mais le plus rarement possible;
et prends garde, mon petit Paul, d'aller avec eux sans Jacques."
Paul: "Jamais papa; j'aurais trop peur."
Il etait tard, on alla se coucher.
VII
LE COMPLOT
Derigny etait un soir pres du general; quelques jours s'etaient passes
depuis l'arrivee de Mme Papofski, et tout avait marche le plus doucement
du monde. Le general se frottait les mains et riait: il meditait
certainement une malice.
"Derigny, mon ami, dit-il d'un air joyeux, je vous ai prepare de
l'ouvrage."
Derigny: "Tant que vous voudrez, mon general: mon temps est tout a vous,
et je ne saurais l'employer plus agreablement qu'a vous servir."
Le general: "Toujours le meme! toujours devoue! C'est que, voyez-vous,
mon ami, j'attends du monde sous peu de jours, et il me faudra des lit
a la francaise, des toilettes et un ameublement complet, et vous seul
pouvez le faire."
Derigny: "Je suis pret, mon general. Que faut-il avoir? Pour combien de
personnes?"
Le general: "Une femme, une jeune personne et deux garcons de dix et
douze ans."
Derigny: "Combien de jours, mon general, me donnez-vous pour tout
preparer?"
Le general: "Quinze jours et autant de monde que vous en demanderez."
Derigny: "Ce sera fait, mon general."
Le general: "Bravo! admirable! Ne menagez rien! Que ce soit mieux que
chez la Papofski."
Derigny: "Mon general, pour
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