oncle, qu'elle voudrait piller et depouiller; alors elle
change de tactique: elle nous fait la cour au lieu de nous maltraiter."
Paul: "Papa, je n'aime pas cette dame; elle a l'air mechant; tout a
l'heure, quand elle m'embrassait, j'ai cru qu'elle allait me mordre."
Derigny sourit, regarda sa femme qui riait bien franchement, et embrassa
Paul...
Derigny: "Elle ne te mordra pas tant que le general sera la, mon
enfant."
Paul: "Et si le general s'en allait?"
Derigny: "Dans ce cas, elle nous ferait tout le mal qu'elle pourrait;
mais le general ne s'en ira pas sans nous emmener."
Jacques: "Mais si le general venait a mourir, papa?"
Derigny: "Que Dieu nous preserve de ce malheur, mon enfant! Dans ce cas
nous partirions de suite."
Madame Derigny: "Le bon Dieu ne permettra pas que cet excellent general
meure sans avoir le temps de se reconnaitre. N'ayez pas de si terribles
pensees, mes chers enfants; ayons confiance en Dieu, toujours si bon
pour nous. Esperons pour le mieux, et remplissons notre devoir jour par
jour, sans songer a un avenir incertain.
"Toc, toc, peut-on entrer? dirent une demi-douzaine de voix enfantines.
--Une nouvelle invasion de l'ennemi, dit a mi-voix Derigny en riant.
Entrez!"
Les huit petits Papofski se precipiterent dans la chambre, entourerent
Jacques et Paul, et les embrasserent avec la plus grande tendresse.
"Pardonnez-nous! s'ecrierent tous a la fois les quatre grands.
--Pardonnez-leur!" ajouterent les voix aigues des quatre plus jeunes.
Jacques et Paul, bouscules, etouffes, ennuyes, ne repondaient pas et
cherchaient a se degager des etreintes de ces faux amis.
"Je vous en prie, pardonnez-nous, dit Sonushka d'un air suppliant, sans
quoi maman nous fouettera."
Jacques: "Je vous pardonne de tout mon coeur, et Paul aussi."
Paul: "Non, pas moi, je ne leur pardonnerai jamais."
Mitineka: "Je vous supplie, petit Francais, pardonnez-nous."
Paul: "Non, je ne veux pas."
Jacques: "Ce n'est pas bien, Paul, de ne pas pardonner a ses ennemis. Tu
vois que je pardonne, moi?"
Paul: "Je veux bien leur pardonner ce qu'ils m'ont fait, a moi: mais ces
mechants ont voulu faire battre maman, et je ne leur pardonnerai jamais
cela."
Jacques: "Mais puisqu'ils en sont bien faches."
Paul: "Non, ils font semblant."
Un concert de sanglots et de gemissements se fit entendre; les huit
enfants pleuraient et se lamentaient.
"On va nous fouetter! hurlaient-ils. Petit Francais, no
|