i sera ton pere, ton ami!...Pauvre
petite! Tu as bien souffert!"
Madame Dabrovine: "Et je souffrirai toujours, mon cher oncle! Comment
oublierai-je un mari si bon, si tendre? Et mes pauvres enfants! Ils
pleurent aussi leur excellent pere, leur meilleur ami! Mon chagrin
augmente le leur et les desespere."
Le general: "Laisse-moi embrasser les enfants, ma chere Natalie, ils
m'ont oublie, mais moi j'ai pense bien souvent a vous tous."
Madame Dabrovine: "Descends, Natasha; et vous aussi, Alexandre et
Michel. Votre oncle veut vous embrasser."
Natasha s'elanca de la berline et embrassa tendrement son vieil oncle,
qu'elle n'avait pas oublie, malgre sa longue absence.
"Laisse-moi te regarder, ma petite Natasha, dit le general apres l'avoir
embrassee a plusieurs reprises. Le portrait de ta mere! Comme si je la
voyais a ton age!... Ma chere enfant! Tu aimeras encore ton vieux gros
oncle? tu l'aimais bien quand tu etais petite.
--Je l'aime encore et je l'aimerai toujours, repondit Natasha avec un
affectueux sourire; surtout, ajouta-t-elle tout bas, si vous pouvez
consoler un peu pauvre maman, qui est si malheureuse.
--Je ferai ce que je pourrai, mon enfant!... Et les autres, je veux
aussi leur donner le baiser paternel."
Alexandre et Michel se laisserent embrasser par le general.
Le general: "Y a-t-il de la place pour moi, mes enfants, dans votre
voiture?"
Natasha: "Certainement, mon oncle; je me mettrai en face de vous avec
Alexandre et Michel et vous serez pres de maman."
Le general fit monter en voiture sa niece Dabrovine, malgre une legere
resistance, car elle aurait voulu faire monter son oncle le premier. A
toi, Natasha, maintenant; monte! Appuie-toi sur mon bras."
Natasha: "Non, mon oncle, je me mettrai en face de vous quand vous serez
place.
--Alors, montez, les petits, dit le general en souriant. A toi a
present, ma petite Natasha."
Natasha: "Pas avant vous, mon oncle; je vous en prie."
Le general: "Comme tu voudras, mon enfant... Houp! je monte."
Et le general se hissa peniblement.
Natasha sauta legerement et prit place en face de son oncle. Pour la
premiere fois depuis deux ans, un sourire vint animer le visage doux et
triste de Mme Dabrovine. Ce sourire fut apercu par Natasha, qui dans
sa joie serra les mains de son oncle en lui disant a l'oreille: "Elle
sourit".
L'oncle sourit aussi et regarda avec tendresse sa niece et sa
petite-niece; il se pencha a la portiere, et cria au co
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