rere, il crut que Mme Derigny l'emmenait
pour le punir.
"Maman, maman, pardonnez a ce pauvre Paul; laissez-le jouer avec les
neveux du general", s'ecria Jacques en joignant les mains. Mais, quand
il sut de Mme Derigny pourquoi elle l'emmenait, et que Paul lui raconta
la mechancete de ces enfants, il voulut, dans son indignation, porter
plainte au general; Mme Derigny l'en empecha.
"Il ne faut pas tourmenter le general de nos demeles, mon petit Jacques,
dit-elle. Ne jouez plus avec ces enfants mal eleves, et Paul n'aura pas
a en souffrir.
--Ils n'auront toujours pas la corde, dit Jacques en embrassant Paul
et en suivant Mme Derigny. T'ont-ils fait bien mal, ces mechants, mon
pauvre Paul?"
Paul: "Non, pas trop; mais tout de meme ils tapaient fort quand
maman est arrivee; et puis j'etais fatigue. Le garcon que les autres
appelaient Yegor etait lourd, et je ne pouvais pas aller vite a quatre
pattes."
Jacques consola son frere de son mieux, aide de Mme Derigny; elle etait
occupee a reparer le desordre de leurs chambres, que Derigny avait
depouillees pour rendre plus commodes celles de Mme Papofski et de ses
enfants. Ils coururent a la recherche de Derigny, qui courait de son
cote pour trouver les objets necessaires au coucher et a la toilette de
sa femme et de ses enfants.
Jacques: "Voila papa, je le vois qui traverse la cour avec d'enormes
paquets. Par ici, maman; par ici, Paul."
Et tous trois se depecherent d'aller le rejoindre.
"Que portez-vous donc, papa? dit Jacques quand il fut pres de lui."
Derigny: "Des oreillers et des couvertures pour nous, mon cher enfant;
nous n'en avions plus, j'avais donne les notres a la niece du general et
a ses enfants."
Paul: "Papa, il faut tout leur reprendre; ils sont trop mechants;
ils m'ont battu, ils m'ont fait aller si vite que je ne pouvais plus
respirer. Yegor etait si lourd, que j'etais ereinte."
Derigny: "Comment? deja? ils ont joue au maitre a peine arrives? C'est
un vilain jeu, auquel il ne faudra pas vous meler a l'avenir, mes
pauvres chers enfants."
Jacques: "C'est ce que nous disait maman tout a l'heure. Si j'avais ete
la, Paul n'aurait pas ete battu, car je serais tombe sur eux a coups de
poing et je les aurais tous rosses."
Derigny, souriant: "Tu aurais fait la une jolie equipee, mon cher
enfant! Battre les neveux du general! c'eut ete une mauvaise affaire
pour nous; le general eut ete fort mecontent, et avec raison. N'oublie
pas qu'il ne faut j
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