amais agir avec ses superieurs comme avec ses egaux,
et qu'il faut savoir supporter avec patience ce qui nous vient d'eux."
Jacques: "Mais, papa, je ne peux pas laisser maltraiter mon pauvre
Paul."
Derigny: "Certainement non, mon brave Jacques; tu l'aurais emmene avant
qu'on l'eut maltraite, et, comme tu es fort et resolu, tu les aurais
facilement vaincus sans les battre."
Jacques: "C'est vrai, papa; une autre fois, je ferai comme vous dites.
Des qu'ils contrarieront Paul, je l'emmenerai.
--C'est tres bien, mon Jacquot, dit Derigny en lui serrant la main."
Paul: "Papa, je ne veux plus aller avec ces mechants.
--C'est ce que tu pourrais faire de mieux, mon cheri, dit Mme Derigny en
l'embrassant. Mais nous oublions que votre papa est horriblement charge,
et nous sommes la les mains vides sans lui proposer de l'aider."
Derigny: "Merci, ma bonne Helene; ce que je porte est trop lourd pour
vous tous."
Madame Derigny: "Nous en prendrons une partie, mon ami." Derigny: "Mais
non, laissez-moi faire."
Jacques et Paul, sur un signe et un sourire de Mme Derigny, se jeterent
sur un des paquets, et parvinrent, apres quelques efforts et des rires
joyeux, a l'arracher des mains de leur pere.
"Encore", leur dit Mme Derigny, les encourageant du sourire et
s'emparant du paquet, qu'elle emporta en courant dans son appartement.
Une nouvelle lutte, gaie et amicale, s'engagea entre le pere et les
enfants; ceux-ci attaquaient vaillamment les paquets; le pere les
defendait mollement, voulant donner a ses enfants le plaisir du
triomphe; Jacques et Paul reussirent a en soustraire chacun un, et tous
trois suivirent Mme Derigny dans leur appartement. Ils se mirent a
l'oeuvre si activement, que le desordre des lits fut promptement repare;
seulement il fallut attendre quelques jours pour avoir les bois de lit,
que Derigny etait oblige de fabriquer lui-meme, et pour la vaisselle,
qu'il fallait acheter a la ville voisine, situee a seize kilometres de
Gromiline.
Leurs arrangements venaient d'etre termines lorsque le general entra. Sa
face rouge, ses yeux ardents, son front plisse, ses mains derriere le
dos, indiquaient une colere violente, mais comprimee.
"Derigny, dit-il d'une voix sourde."
Derigny:"Mon general?"
Le general: "Votre femme, vos enfants,... sac a papier! Pourquoi
cherches-tu a te sauver, Jacques? Reste ici,... pourquoi as-tu peur si
tu es innocent."
Jacques: "J'ai peur, general, parce que je devine ce que v
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