e precieuse, et je ne veux pas vous priver
de celui-la; seulement je vous prie d'observer une certaine reserve en
tout ce qui me touche personnellement, ou mieux, vous voyez que j'agis
avec vous en toute franchise, je vous prie si vous n'envoyez pas votre
article tout de suite, de me le lire. Voulez-vous?
--Volontiers.
--Comme cela je serai responsable de ce que vous aurez dit et je
ne pourrai avoir pour votre obligeance et votre sympathie que des
sentiments de reconnaissance. A demain, n'est-ce pas?
Le lendemain, aux heures qu'il avait eu soin d'echelonner pour que ceux
qui devaient trompeter son nom ne se trouvassent point nez a nez, il
entendit la lecture des differents articles qui allaient chanter sa
gloire aux quatre coins du monde; et alors ce furent de sa part des
eloges sans fin.
--Charmant, adorable! quel talent; mon Dieu! C'est une perle, cet
article, je n'ai jamais rien lu d'aussi joli, et quelle delicatesse
de touche, quelle grace! Je ne risquerai qu'une observation. Vous
permettez, n'est-ce pas?
--Comment donc.
--C'est une priere que je veux dire: la reserve que je vous avais
demandee, vous ne l'avez peut-etre pas observee aussi complete que
j'aurais voulu, mais passons; ce que je desire, ce n'est pas une
suppression, c'est une addition: je serais bien aise que vous glissiez
un mot sur mon titre et sur le rang que j'occupe dans la noblesse russe;
il y a tant de princes russes d'une noblesse douteuse,--ce n'est pas
positivement pour Otchakoff que je dis cela,--je ne voudrais pas que
le public francais, mal instruit de ces choses, me confondit avec ces
gens-la; voulez-vous?
--Avec plaisir.
--Alors je vais vous donner des renseignements... authentiques.
Avec le second les eloges reprirent:
--Charmant, adorable! quel talent, mon Dieu!
Il ne presenta aussi qu'une observation, "non pour demander une
suppression, mais pour indiquer une addition qui lui serait agreable".
--Ce serait de glisser un mot sur ma fortune, il y a tant de fortunes
russes peu solides que je ne voudrais pas qu'on confondit la mienne avec
celles-la, et qu'on crut que parce que je donne des fetes je me livre a
des prodigalites et a des folies; si vous le desirez je vais vous donner
des renseignements... authentiques. Pour ma noblesse, il est inutile
d'en rien dire, elle est, grace a Dieu, bien connue.
Avec le troisieme, il commenca aussi par des eloges et ce ne fut
qu'apres avoir epuise toute sa collection d'adje
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