de Rosa. Leur mere
etait comme ravie dans une beatitude religieuse en regardant Paule et en
pensant au bonheur d'Henri. Paule etait paisible comme l'innocence,
confiante comme la droiture: elle avait peu d'expansions vives; mais,
dans chaque mot, dans chaque regard a son fiance, a ses parents et a ses
soeurs, il y avait comme un intarissable foyer de devouement et
d'admiration.
Les trois jeunes filles avaient ete liees des l'enfance, elles se
tutoyaient et se servaient mutuellement. Toutes trois aimaient
mademoiselle Juste, et, bien que Paule lui eut donne tort dans ses
differends avec Alida, on sentait bien qu'elle la cherissait davantage.
Alida etait-elle aimee de ces trois jeunes filles? Evidemment, Paule la
savait malheureuse et l'aimait naivement pour la consoler. Quant aux
demoiselles Obernay, elles s'efforcaient d'avoir de la sympathie pour
elle, et toutes deux l'entouraient d'egards et de soins; mais Alida ne
les encourageait nullement, et repondait a leurs timides avances avec
une grace froide et un peu railleuse. Elle les traitait tout bas de
femmes savantes, la petite Rosa etant deja, selon elle, infatuee de
pedantisme.
--Cela ne parait pourtant pas du tout, lui dis-je: l'enfant est
ravissante... et Adelaide me parait une excellente personne.
--Oh! j'etais bien sure que vous auriez de l'indulgence pour ces beaux
yeux-la! reprit avec humeur Alida.
Je n'osai lui repondre: l'etat de tension nerveuse ou je la voyais me
faisait craindre qu'elle ne se trahit.
D'autres jeunes filles, des cousines, des amies arriverent avec leurs
parents. On passa au jardin, qui, sans etre grand, etait fort beau,
plein de fleurs et de grands arbres, avec une vue magnifique au bord de
la terrasse. Les enfants demanderent a jouer, et tout le monde s'en
mela, excepte les gens ages et Alida, qui, assise a l'ecart, me fit
signe d'aller aupres d'elle. Je n'osai obeir. Juste me regardait, et
Rosa, qui s'etait beaucoup enhardie avec moi pendant le diner, vint me
prendre resolument le bras, pretendant que tout le _jeune monde_ devait
jouer; son papa l'avait dit. J'essayai bien de me faire passer pour
vieux; mais elle n'en tint aucun compte. Son frere ouvrit la partie de
barres, et il etait mon aine. Elle me reclamait dans son camp, parce que
Henri etait dans le camp oppose et que je devais courir aussi bien que
lui. Henri m'appela aussi, il fallut oter mon habit et me mettre en
nage. Adelaide courait apres moi avec la rapidite d'u
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