autour d'un arbre et attaches a ses plus hautes
branches, semblent aussi dormir. Je suis eveille et je prete l'oreille. Le
vent, qui s'est eleve, siffle a travers les arbres, et agite les longues
floques blanches de la mousse: il fait entendre une melodie suave et
melancolique. Il y a peu d'autres bruits dans l'air, car c'est l'hiver, la
grenouille d'arbre (_tree-frog_) et la cigale se taisent. J'entends le
petillement du feu, le bruissement des feuilles seches roulees par un coup
de vent, le _cououwuoou-ah_ du hibou blanc, l'aboiement du rakoon, et, par
intervalles, le _houlement_ des loups. Ce sont les voix nocturnes de la
foret en hiver. Ces bruits ont un caractere sauvage; cependant, il y a
dans mon sein une corde qui vibre, sous leur influence, et mon esprit
s'egare dans des visions romanesques, pendant que je les ecoute, etendu
sur la terre.
La foret, en automne, est encore garnie de tout son feuillage. Les
feuilles ressemblent a des fleurs, tant leurs couleurs sont brillantes. Le
rouge, le brun, le jaune et l'or s'y melangent. Les bois sont chauds et
glorieux maintenant, et les oiseaux voltigent a travers les branches
touffues. L'oeil plonge enchante dans les longues percees qu'egayent les
rayons du soleil. Le regard est frappe par l'eclat des plus brillants
plumages: le vert dore du perroquet, le bleu du geai et l'aile orange de
l'oriole. L'oiseau rouge voltige plus bas dans les taillis des verts
pawpaws, ou parmi les petites feuilles couleur d'ambre des buissons de
hetre. Des ailes legeres, par centaines, s'agitent a travers les
ouvertures du feuillage, brillant au soleil de tout l'eclat des pierres
precieuses.
La musique flotte dans l'air: doux chants d'amour; le cri de _l'ecureuil_,
le roucoulement des _colombes_ appareillees, le _rat-ta-ta_ du _pivert_,
et le _tchirrup_ perpetuel et mesure de la _cigale_, resonnent ensemble.
Tout en haut, sur une cime des plus elevees, l'_oiseau moqueur_ pousse sa
note imitative, et semble vouloir eclipser et reduire au silence tous les
autres chanteurs. Je suis dans une contree ou la terre, de couleur brune,
est accidentee et sterile. Des rochers, des ravins et des plateaux de sol
aride; des vegetaux de formes etranges croissent dans les ravins et
pendent des rochers; d'autres, de figures spheroidales, se trouvent sur la
surface de la terre brulee; d'autres encore s'elevent verticalement a une
grande hauteur, semblables a de grandes colonnes cannelees et ciselees;
quelqu
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