ia_. De temps en temps, nous
apercevions une legere antilope bondissant au loin devant nous, mais se
tenant hors de toute portee. Ces animaux semblaient etre plus familiers
que d'ordinaire. Trois jours apres avoir quitte la caravane, comme nous
chevauchions pres du Cimmaron, je crus voir une tete cornue derriere un
pli de la prairie. Mes compagnons refuserent de me croire, et aucun d'eux
ne voulut m'accompagner. Alors, me detournant de la route, je partis seul.
Gode ayant pris les devants, l'un de mes camarades se chargea de mon chien
que je ne voulais pas emmener, craignant d'effaroucher les antilopes. Mon
cheval etais frais et plein d'ardeur; et que je dusse reussir ou non, je
savais qu'il me serait facile de rejoindre la troupe a son prochain
campement. Je piquai droit vers la place ou j'avais vu disparaitre
l'objet, et qui semblait etre a un demi-mille environ de la route; mais il
se trouva que la distance etait beaucoup plus grande; c'est une illusion
commune dans l'atmosphere transparente de ces regions elevees.
Un singulier accident de terrain, ce qu'on appelle dans ces contrees un
_couteau des prairies_, d'une petite elevation, coupait la plaine de l'est
a l'ouest; un fourre de cactus couvrait une partie de son sommet. Je me
dirigeai vers ce fourre. Je mis pied a terre au bas de la pente, et,
conduisant mon cheval au milieu des cactus je l'attachai a une des
branches. Puis je gravis avec precaution, a travers les feuilles
epineuses, vers le point ou je m'imaginais avoir vu l'animal. A ma grande
joie, j'apercus, non pas une antilope, mais un couple de ces charmants
animaux, qui broutaient tranquillement, malheureusement trop loin pour que
ma balle put les atteindre. Ils etaient au moins a trois cents yards, sur
une pente douce et herbeuse. Entre eux et moi pas le moindre buisson pour
me cacher, dans le cas ou j'aurais voulu m'approcher. Quel parti prendre?
Pendant quelques minutes, je repassai dans mon esprit les differentes
ruses de chasse usitees pour prendre l'antilope. Imiterais-je leur cri?
Valait-il mieux chercher a les attirer en elevant mon mouchoir? Elles
etaient evidemment trop farouches; car, de minute en minute, je les voyais
dresser leurs jolies petites tetes et jeter un regard inquiet autour
d'elles. Je me rappelai que la couverture de ma selle etait rouge. En
l'etendant sur les branches d'un buisson de cactus, je reussirais
peut-etre a les attirer. Ne voyant pas d'autre moyen, j'etais sur le point
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