es-uns etendent des branches poilues et tortues, herissees de
rugueuses feuilles ovales. Cependant, il y a dans la forme, dans la
couleur, dans le fruit et dans les fleurs de tous ces vegetaux une sorte
d'homogeneite qui les proclame de la meme famille: ce sont des cactus;
c'est une foret de nopals du Mexique. Une autre plante singuliere se
trouve la. Elle etend de longues feuilles epineuses qui se recourbent vers
la terre: c'est l'agave, le celebre _mezcal_ du Mexique (mezcal-plant). Ca
et la, meles au cactus, croissent des acacias et des _mezquites_, arbres
indigenes du desert. Aucun objet brillant n'attire les yeux; le chant
d'aucun oiseau ne frappe les oreilles. Le hibou solitaire s'enfonce dans
des fourres impenetrables, le serpent a sonnettes se glisse sous leur
ombre epaisse, et le coyote traverse en rampant les clairieres.
J'ai gravi montagne sur montagne, et j'apercois encore des pics elevant au
loin leur tete couronnee de neiges eternelles. Je m'arrete sur une roche
saillante, et mes yeux se portent sur les abimes beants, et endormis dans
le silence de la desolation. De gros quartiers de roches y ont roule, et
gisent amonceles les uns sur les autres. Quelques-uns pendent inclines et
semblent n'attendre qu'une secousse de l'atmosphere pour rompre leur
equilibre. De noirs precipices me glacent de terreur; une vertigineuse
faiblesse me gagne le cerveau; je m'accroche a la tige d'un pin ou a
l'angle d'un rocher solide. Devant, derriere et tout autour de moi,
s'elevent des montagnes entassees sur des montagnes dans une confusion
chaotique. Les unes sont mornes et pelees; les autres montrent quelques
traces de vegetation sous formes de pins et de cedres aux noires
aiguilles, dont les troncs rabougris s'elevent ou pendent des rochers.
Ici, un pic en forme de cone s'elance jusqu'a ce que la neige se perde
dans les nuages. La, un sommet eleve sa fine dentelure jusqu'au ciel; sur
ces flancs gisent de monstrueuses masses de granit qui semblent y avoir
ete lancees par la main des Titans. Un monstre terrible, l'ours gris,
gravit les plus hauts sommets; le carcajou se tapit sur les roches
avancees, guettant le passage de l'elan qui doit aller se desalterer au
cours d'eau inferieur, et le bighorn bondit de roc en roc, cherchant sa
timide femelle. Le vautour noir aiguise son bec impur contre les branches
du pin, et l'aigle de combat, s'elevant au-dessus de tous, decoupe sa vive
silhouette sur l'azur des cieux. Ce sont les mont
|