ent! Bill! Jerry!
Un instant apres, j'avais fraternise avec le groupe entier des marchands
de la prairie, dont mon nouvel ami Saint-Vrain faisait partie.
--C'est le premier coup? demanda l'un des marchands au moment ou le
mugissement d'un gong retentissait dans la galerie.
--Oui, repondit Bent apres avoir consulte sa montre. Nous avons juste le
temps de prendre quelque chose: Allons.
Bent se dirigea vers le salon, et nous suivimes tous _nemini
dissentiente_. On etait au milieu du printemps. La jeune menthe avait
pousse, circonstance botanique dont mes nouveaux amis semblaient avoir une
connaissance parfaite, car tous ils demanderent un _julep de menthe_. La
preparation et l'absorption de ce breuvage nous occuperent jusqu'a ce que
le second coup du gong nous convoquat pour le diner.
--Venez prendre place pres de nous, monsieur Haller, dit Bent; je regrette
que nous ne vous ayons pas connu plus tot. Vous avez ete bien seul!
Ce disant, il se dirigea vers la salle a manger; nous le suivimes. Pas
n'est besoin de donner la description d'un diner a l'hotel des
_Planteurs_. Comme a l'ordinaire, les tranches de venaison, les langues de
buffalo, les poulets de la prairie, les excellentes grenouilles du centre
de l'Illinois en faisaient le fond. Il est inutile d'entrer dans plus de
details sur le repas, et quant a ce qui suivit, je ne saurais en rendre
compte. Nous restames assis jusqu'a ce qu'il n'y eut plus que nous a
table. La nappe fut alors enlevee, et nous commencames a fumer des
regalias et a boire du madere a _douze dollars_ la bouteille! Ce vin etait
commande par l'un des convives, non par simple bouteille, mais par
demi-douzaines. Je me rappelle parfaitement cela, et je me souviens aussi
que la carte des vins et le crayon me furent vivement retires des mains
chaque fois que je voulus les prendre. J'ai souvenir d'avoir entendu le
recit d'aventures terribles avec les Pawnies, les Comanches, les
Pieds-Noirs, et d'y avoir pris un gout si vif que je devins enthousiaste
de la vie de la prairie. Un des marchands, me demanda alors si je ne
voudrais pas me joindre a eux dans une de leurs tournees; sur quoi je fis
tout un discours qui avait pour conclusion l'offre d'accompagner mes
nouveaux amis dans leur prochaine expedition. Apres cela, Saint-Vrain
declara que j'etais fait pour ce genre de vie, ce qui me flatta
infiniment. Puis quelqu'un chanta une chanson espagnole avec
accompagnement de guitare, je crois; un autre e
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