tants nous fumes installes dans
les canots et pesames hardiment sur l'aviron.
Le lac etait beau ce matin la. Sa surface etait plane et unie, pas une
ride ne venait troubler le paisible miroir que nous avions devant les
yeux. Quelques vapeurs humides s'elevaient ca et la des rochers ou de la
masse d'eau. Elles nous apparaissaient comme les images fantastiques des
fees de nos anciens contes. Les cris des huards se faisaient entendre de
l'un ou l'autre rivage, tant l'atmosphere etait calme. Parfois aussi, le
martin-pecheur nous envoyait des notes saccadees et stridentes, tantot
fremissantes de joie de la prise qu'il venait de faire d'un petit
goujon. Les fleurs des glaieuls, qui nageaient a la surface et
s'ouvraient au soleil levant nous faisaient penser a un riche tapis de
verdure emaille de fleurs. Mais entre les rives et le pied des montagnes
avoisinantes, de beaux grands arbres seculaires donnaient par les
differentes nuances de leur feuillage un cadre magnifique au miroir qui
s'etendait devant nous. Ces arbres avaient une grandeur et une majeste
impossibles a decrire.
Quelques-uns d'une taille plus svelte s'inclinaient complaisamment comme
s'ils eussent voulu contempler leur beaute dans le cristal limpide de
l'eau, tel que peut le faire une coquette jeune fille. D'autres au
contraire elevaient leurs troncs enormes et secs, montrant ainsi leurs
branches dessechees comme les membres d'un vieillard. Tandis qu'un
bouquet verdoyant semblait, comme la tete d'un patriarche, avoir seul
conserve un reste de seve et de vie. On voyait a ses pieds, des arbustes
de differentes familles s'elever et sembler lui demander protection.
Plus loin et du quatrieme cote du lac, s'etendait une savane sombre et
triste. Des arbres rabougris, une mousse epaisse, un terrain marecageux
et rempli de fondrieres donnaient a cet endroit un aspect solitaire
et desole. Il formait un contraste frappant qui faisait rassortir
d'avantage la beaute des autres rives. Nous nageames en silence
pendant quelque temps, absorbes dans la contemplation de la sauvage et
pittoresque beaute de paysage, lorsqu'apres avoir double un cap, nous
apercumes un plateau eleve de quinze a vingt pieds qui dominait le lac
et la riviere.
HELIKA.
Sur ce plateau qui pouvait avoir une etendue d'une dizaine d'arpents,
trois grandes huttes se touchant les unes les autres avaient ete
elevees. L'une d'elles avait une apparence toute particuliere. Bien que
comme les autr
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