Il convint de plus qu'il m'obeirait
aveuglement.
Peut-etre est-ce le temps de dire ici que, malgre ma sceleratesse, je
suis toujours reste franchement l'ami de mon, pays.
Je lui ordonnai de me conduire dans sa propre tribu, me faisant fort de
lui obtenir son pardon.
Les nations sauvages qui nous etaient alors alliees etaient peu
nombreuses, et il me repugnait de voir ce jeune homme plein
d'intelligence et de force, passer dans le camp ennemi. Il connaissait
parfaitement les villages et les moyens de leurs habitants, et aurait
pu aider puissamment les ennemis a devaster notre colonie francaise qui
n'etait alors, on le sait, que dans son enfance.
Malgre sa repugnance il m'obeit.
Je me presentai quelques jours apres dans sa tribu, et m'offris a leur
chef comme voulant faire partie des leurs. L'occasion etait on ne peut
plus favorable. Nous etions en 17.... L'histoire du Canada nous apprend
combien furent longues et sanglantes les luttes que nous soutinmes
contre les Iroquois, leurs plus mortels ennemis.
J'eus toutes les peines du monde a obtenir son pardon du grand chef mais
enfin il ceda a mes instances et a l'assurance que je lui donnai que
j'allais combattre avec Paulo a leurs cotes.
Il m'est inutile de faire l'histoire des actes de courage et d'audace
qui furent deployes dans nos rencontres desesperees, ainsi que des
affreux supplices qui furent infliges aux malheureux prisonniers.
Apres trois ans de guerre, j'etais unanimement choisi comme un des
principaux chefs de ta tribu. Vingt fois j'ai vu la mort autour de moi,
et me suis trouve presque seul au milieu de nombreux ennemis. Bien que
je desirasse ardemment de mourir, je voulais faire payer ma vie aussi
cherement que possible, je ne sais combien de monceaux de cadavres j'ai
vus a mes pieds sans que la mort elle-meme eut voulu de moi, malgre mes
blessures nombreuses.
Pendant que je prodiguais ainsi mon sang pour sa tribu, Paulo. en
miserable lache, fuyait du champ de bataille, aussitot que l'action
s'engageait; mais quand le feu etait cesse, le premier il etait a
l'endroit du carnage pour depouiller les morts et torturer les blesses.
Ma position de chef que je devais a ma force musculaire, (tel que mon
nom Helika, qui veut dire bras fort, vous l'indique,) me donnait un
ascendant considerable sur mes nouveaux allies. Le fait est que mon
pouvoir etait illimite parmi eux, et qu'ils obeissaient aveuglement a
mes ordres.
Depuis quatre ans, nous f
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