ous remettre en marche, pendant
que les autres guides dresseront des campements pour la nuit a vos
jeunes compagnons. Demain, je les attendrai sur les bords du lac avec
des canots. Le pretre et Baptiste partirent immediatement.
La veillee se passa en conjectures. Cet incident nous avait
singulierement intrigues, parce qu'aucun des guides qui nous restaient
ne pouvait donner des renseignements precis sur le nom et l'origine de
la jeune fille. Tout ce qu'ils nous apprirent, ce fut qu'ils l'avaient
bien souvent rencontree dans les bois, toujours accompagnee d'un
vieillard d'une haute stature, qui paraissait lui porter un amour et une
sollicitude veritablement paternels. Bien plus, son attention pour elle,
et ses soins etaient ceux de la mere la plus tendre. Ils ajoutaient
aussi, qu'esclave de tous ses desirs, il venait de temps en temps dans
le village, y sejourner aussi longtemps qu'elle le voulait. Il y prenait
les meilleurs logements; mais les seules visites qu'ils faisaient ou
recevaient, etaient celles de monsieur Fameux. Il la conduisait dans les
magasins, ne regardait jamais au prix des etoffes qu'elle choisissait,
suivant ses caprices, le prix en fut-il tres eleve.
L'un d'eux assurait meme avoir entendu monsieur Fameux dire au pere
Helika, tel etait le nom du vieux sauvage: je suis heureux de voir
combien vous vous donnez de peine pour former l'education de votre chere
Adala, et combien elle repond admirablement a vos efforts, elle parle et
ecrit aujourd'hui parfaitement le Francais.
II y avait certes dans ces informations, matiere plus que suffisante
pour piquer notre curiosite deja excitee a l'extreme. Malgre notre
fatigue, nous mimes longtemps avant de nous endormir tous, faisant des
suppositions plus ou moins ridicules ou extravagantes.
De bonne heure, le lendemain matin, nos etions en route tout en
discourant sur l'incident de la veille. Comme toujours lorsqu'on est
jeune, la gaite nous etait revenue Avec le repos; aussi ne mimes-nous
pas de temps a franchir les trois milles qui separaient le lac du lieu
de notre campement. Lorsque nous arrivames sur ses bords, deux beaux
grands canots, creuses dans le tronc de gros pins, nous attendaient.
Baptiste se promenait sur le rivage et du revers de sa main essuyait une
larme.
Hatez-vous, messieurs, nous dit-il, le pere Helika desire vous voir. Il
a parait-il quelque confidence a vous faire, et le pauvre vieillard n'a
plus bien longtemps a vivre. En peu d'ins
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