jauni par le temps: "Voila, nous dit-il, qui
completera l'histoire d'Helika, si elle vous presente quelqu'interet.
Mais auparavant, permettez-moi de vous raconter ses derniers moments."
Il etait donc evident que l'heure supreme etait arrivee pour le
vieillard, aussi le sentait-il lui-meme. Il nous fit signer comme
temoins, un testament olographe qu'il avait prepare, par lequel il
instituait Adala, sa legatrice universelle, lui enjoignant toutefois de
prendre un soin tout filial de la vieille indienne et nommait monsieur
Fameux son executeur testamentaire.
Toutes ces dispositions prises, il nous exprima le desir de rester
encore quelques instants seul avec le ministre de Dieu. Ses forces
l'abandonnaient rapidement. Apres un assez long entretien avec monsieur
Fameux, sur sa demande nous rentrames dans la chambre. La jeune fille
agenouillee, recevait toute en larmes la derniere benediction et les
derniers baisers du mourant, pendant que la vieille indienne regardait
d'un oeil sec et stoique cet emouvant tableau.
Bientot apres, nous nous mimes a genoux et recitames les prieres des
agonisants; quelques heures plus tard, Helika etait devant Dieu. Le
surlendemain, nous le deposamess dans sa derniere demeure a l'endroit
qu'il nous avait lui-meme indique. La ceremonie fut touchante et bien
propre a nous impressionner. La nature avait cette journee la une teinte
morne et sombre. Le temps etait couvert, le soleil voile ne repandait
qu'une lumiere blanchatre a travers les nuages qui le recouvraient. Une
brise froide et glacee comme un vent d'automne, imprimait aux arbres
des craquements et un balancement qui leur arrachaient des plaintes
continues; elles faisaient echo aux lamentations la jeune orpheline,
qui, la figure prosternee, arrosait de ses larmes la terre sous laquelle
reposait celui qu'elle avait aime comme son pere.
Les plaintes du vent allaient s'eteindre dans les fourres comme des
sanglots. Le lac souleve par la brise venait deferler ses vagues sur les
galets du rivage avec de sourds gemissements.
La ceremonie terminee, Adala toute en larmes se jeta dans les bras de
monsieur Fameux. "Ma grand'mere et moi seules desormais sur la terre que
deviendrons-nouss, si avec l'aide de Dieu vous ne nous protegez".
Tes parents, ma chere enfant, lui repondit-il d'une vois emue veillent
sur toi du haut du Ciel; sois donc confiante et resignee, tant que Dieu
me laissera un souffle de vie, je tiendrai leur place sur la terre;
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