emords qui avait force les portes de cet esprit
jusqu'alors ferme, solidement verrouille?
Si Catherine se trouvait vraiment aux prises avec ce sentiment etrange
qu'on appelle le remords, si son esprit sondait avec effroi les abimes
qu'elle avait creuses, ceux qui l'eussent parfaitement connue, Ruggieri
par exemple, eussent redoute l'explosion de ce remords.
En effet, Catherine n'etait pas femme a reculer. Si une plainte montait
du fond de sa conscience, elle devait chercher a l'etouffer sous des
clameurs plus terribles.
Ainsi son remords, si c'etait du remords, aboutissait a une hate plus
febrile, a une soif de sang plus brulante.
Catherine songeait:
"Du sang, encore du sang pour effacer ce sang!"
Ce matin-la, plus sombre que jamais des qu'elle se trouvait seule,
le sourire radieux qu'elle affectait devant la, cour disparut de ses
levres, elle passa, comme nous avons dit, et jeta un oblique regard sur
Coligny.
Au bout de la galerie, au moment d'entrer dans son oratoire, elle vit
un homme qui l'attendait. C'etait Maurevert. Il s'inclina comme pour la
saluer et murmura:
--J'attends votre dernier ordre, madame.
Catherine laissa couler un long regard jusqu'au bout de la galerie,
jusqu'a l'antichambre, jusqu'a Coligny qui se relevait, roulait ses
papiers en causant vivement avec La Garde.
Et elle laissa tomber ce mot:
--Allez!
Maurevert s'inclina plus profondement. Il avait quelque chose a dire..
Maurevert songeait a la recommandation que lui avait faite le duc de
Guise par une nuit de fete: il fallait blesser et non tuer Coligny...
Maurevert voulait garder les bonnes graces du duc, tout en obeissant a
la reine. Et, laissant de cote la fiction que c'etait un ami a lui qui
devait tirer sur l'amiral, il dit:
--Et si je le manquais, madame?
--Eh bien! fit la reine tranquillement, vous en seriez quitte pour
recommencer!
--Ainsi, insista le bravo, que l'amiral meure ou ne meure pas, demain
matin, mes deux prisonniers du Temple sont bien a moi?...
--Oui!... a condition que j'assiste a la question."
La-dessus, Catherine rentra dans son oratoire. Quelques minutes plus
tard, Maurevert sortait du Louvre.
Dans l'embrasure de fenetre de l'antichambre, le vieux La Garde disait a
ce moment:
--Monsieur l'amiral, si vous m'en croyez, vous haterez les derniers
preparatifs... J'ai bataille contre vous... Mais j'ai pour vous l'estime
qu'on doit a un chef illustre... permettez-moi d'insister... Il fa
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