omptueux hotel et par la grande fenetre large ouverte apparait
la cathedrale que contemple la jeune fille... La voici qui sourit
doucement... Comme elle est heureuse!... Pres d'elle, celui qu'elle
aime est assis, et il lui tient les deux mains, et elle ecoute, dans
le ravissement de son ame, ce que lui dit le noble seigneur... Et,
cependant, au fond du somptueux hotel, le vieux pere aveugle se
repose... confiant dans sa fille, il dort... Du moins, elle le croit.
Et son amant le croit aussi. Et ils sont l'un pres de l'autre, et leurs
levres se rapprochent, et elles vont s'unir dans un baiser, lorsque la
porte s'ouvre...
--Malheur!... gronda une ribaude toute pale.
--C'est le pere... aveugle qui s'avance, les mains etendues, et
appelle sa fille... L'amant s'est redresse... la fille tremble de
terreur...--"Ma fille, mon enfant... avec qui parlais-tu?...--"Avec
personne, pere!..." Et l'amant?... Ah! comme il est adroit, silencieux
et furtif!... Il s'est recule jusqu'au fond de la chambre, et il ne
semble meme plus respirer... La jeune fille n'a meme pas la force de se
lever pour aller au-devant de l'aveugle... C'est lui qui vient a elle a
pas tremblants, et enfin il saisit ses mains...--"Comme tes mains sont
glacees, mon enfant!"--"Pere, c'est le soir... c'est le vent..." Et
les yeux de la jeune fille mourante d'effroi se portent sur l'amant
immobile. Elle cherche un autre mensonge.
--Pauvre demoiselle! dit la ribaude qui s'appelait Loison.
Saizuma n'entendit pas: Et elle continua.
"Le front du pere se voile; l'aveugle tourne autour de lui son regard
mort, comme s'il esperait voir... Voir! oh! s'il avait vu!...--"Ma
fille, mon enfant, es-tu bien sure qu'il n'y a personne ici?..."--"Sure,
mon pere! oh! tout a fait sure!..."--"Jure-le, mon enfant!... Car je
sais que tu as l'ame haute et pure et tu ne voudrais pas te charger
d'un tel parjure!..." Jurer! Jurer cela! sur les cheveux blancs de
l'aveugle!... le regard de la jeune fille va chercher le regard de
l'amant, et le regard de l'amant repond: Jure, mais jure donc!...--Et
alors, sous le regard de l'amant, la jeune fille dit: "Mon pere, sur vos
cheveux blancs, sur la sainte Bible, je jure qu'il n'y a personne ici
que nous deux..." Et le pauvre pere sourit. Et il demande pardon a
sa fille. Et elle, la parjure, sent que le malheur, desormais, va la
saisir..."
Saizuma se tut. Et peut-etre y avait-il eu une brusque saute de
direction dans l'esprit de Saizuma.
D'u
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