epouvante.
L'homme brun avait chasse la barque d'un coup d'aviron, sur l'etang.
Elle avancait entre les gramens flottants. La femme souriait a l'enfant
et elle lui montrait des libellules posees sur les plateaux d'or des
nenuphars.
L'enfant extasie se penche pour en saisir une au vol ... et la femme le
pousse!... Oui, suis-je hallucine?... la femme le pousse.
Par un retablissement de clown, le petit garcon s'est redresse dans la
barque. Il est debout. Il tremble de la tete aux pieds. Il a compris.
Il se jette aux genoux de sa tante. Il lui demande grace.... Mais je
n'entends pas ses cris, je ne les percois que par les gestes. Silence
inexplicable. Je suis gris, assurement; le coup de l'etrier m'a-t-il
prive du sens de l'ouie?
La tante s'est attendrie. Elle implore visiblement son complice,
l'oncle. Mais il a surgi, terrible. Il a leve l'aviron sur la tete de
la femme. Il la menace de l'assommer et de la jeter, elle aussi, dans
l'etang, qu'il lui montre du doigt.
Il faut en finir. Elle se resigne. Elle l'aide a tirer du fond de la
barque une pierre cordee.... L'enfant s'abat, evanoui d'horreur, sur le
banc de la barque. Elle lui attache elle-meme la corde au cou, sur la
collerette.... Il n'oppose plus de resistance.... Il est deja mort....
Elle l'embrasse sur le front.... Oh! la hyene!
Je veux hurler, m'elancer, empecher l'abomination; mais j'ai tout le
poids de cette pierre aux pieds et, dans la gorge, tout ce silence.
Ils l'ont pris sur le banc; elle, par la tete, lui sous les genoux; ils
le balancent, ils l'ont precipite dans la nappe d'azur de l'etang en
fleurs.... L'eau jaillit en gerbes, deux fois, l'une pour la pierre,
l'autre pour l'enfant....
--Ah! ah! ah! miserables! J'ai tout vu!... j'etais la, dans l'ombre du
chateau, en face.
--Vous n'auriez pas du en bouger, maugree l'oncle, sardonique.
Mais il faut sauver l'enfant. Je m'en charge, je suis bon plongeur,
heureusement, en mer comme en eau douce. L'enfant d'abord, le reste
apres, assassins! Et j'ai deja depouille ma veste. La tante eclate de
rire:
--Pas la peine de vous enrhumer pour le petit. Tenez, voyez!
Et elle me montre le terre-neuve, qui a denoue sa rosette et qui nage
droit a la place ou a disparu l'enfant. Il le ramene par la ceinture,
trainant en sus, au bout de la corde, la pierre qui flotte, car elle
flotte la pierre. Je m'en saisis. Elle est en liege. Ou je deviens fou,
ou je reve!...
--Le film est rate, crie de la fe
|