et sa mobilite.
Les pas se rapprocherent.
-- Allez au-devant de vos hommes, dit Aramis a Baisemeaux.
Le gouverneur obeit.
Le sergent et les guichetiers disparurent.
Baisemeaux rentra, suivi d'un prisonnier.
Aramis s'etait place dans l'ombre; il voyait sans etre vu.
Baisemeaux, d'une voix emue, fit connaitre a ce jeune homme
l'ordre qui le rendait libre.
Le prisonnier ecouta sans faire un geste ni prononcer un mot.
-- Vous jurerez, c'est le reglement qui le veut, ajouta le
gouverneur, de ne jamais rien reveler de ce que vous avez vu ou
entendu dans la Bastille?
Le prisonnier apercut un christ; il etendit la main et jura des
levres.
-- A present, monsieur, vous etes libre; ou comptez-vous aller?
Le prisonnier tourna la tete, comme pour chercher derriere lui une
protection sur laquelle il avait du compter.
C'est alors qu'Aramis sortit de l'ombre.
-- Me voici, dit-il, pour rendre a Monsieur le service qu'il lui
plaira de me demander.
Le prisonnier rougit legerement, et, sans hesitation vint passer
son bras sous celui d'Aramis.
-- Dieu vous ait en sa sainte garde! dit-il d'une voix qui, par sa
fermete, fit tressaillir le gouverneur, autant que la formule
l'avait etonne.
Aramis, en serrant les mains de Baisemeaux, lui dit:
-- Mon ordre vous gene-t-il? craignez-vous qu'on ne le trouve chez
vous, si l'on venait a y fouiller?
-- Je desire le garder, monseigneur, dit Baisemeaux. Si on le
trouvait chez moi, ce serait un signe certain que je serais perdu,
et, en ce cas, vous seriez pour moi un puissant et dernier
auxiliaire.
-- Etant votre complice, voulez-vous dire? repondit Aramis en
haussant les epaules. Adieu, Baisemeaux! dit-il.
Les chevaux attendaient, ebranlant le carrosse dans leur
impatience.
Baisemeaux conduisit l'eveque jusqu'au bas du perron.
Aramis fit monter son compagnon avant lui dans le carrosse, y
monta ensuite, et, sans donner d'autre ordre au cocher:
-- Allez! dit-il.
La voiture roula bruyamment sur le pave des cours. Un officier,
portant un flambeau, devancait les chevaux, et donnait a chaque
corps de garde l'ordre de laisser passer.
Pendant le temps que l'on mit a ouvrir toutes les barrieres,
Aramis ne respira point, et l'on eut pu entendre son coeur battre
contre les parois de sa poitrine.
Le prisonnier, plonge dans un angle du carrosse, ne donnait pas
non plus signe d'existence.
Enfin, un soubresaut, plus fort que les autres, annonca que le
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