z votre part. Promettez-moi la meme faveur, dites!
-- Si je ne m'abuse, Aramis, voila des paroles qui sont, au moment
ou vous les prononcez, pleines de generosite.
-- C'est possible.
-- Vous conspirez contre M. Colbert. Si ce n'est que cela,
mordioux! dites le-moi donc, j'ai l'outil, j'arracherai la dent.
Aramis ne put effacer un sourire de dedain, qui glissa sur sa
noble figure.
-- Et, quand je conspirerais contre M. Colbert, ou serait le mal?
-- C'est trop peu pour vous, et ce n'est pas pour renverser
Colbert que vous avez ete demander des echantillons a Percerin.
Oh! Aramis, nous ne sommes pas ennemis, nous sommes freres. Dites-
moi ce que vous voulez entreprendre, et, foi de d'Artagnan, si je
ne puis pas vous aider, je jure de rester neutre.
-- Je n'entreprends rien, dit Aramis.
-- Aramis, une voix me parle, elle m'eclaire; cette voix ne m'a
jamais trompe. Vous en voulez au roi!
-- Au roi? s'ecria l'eveque en affectant le mecontentement.
-- Votre physionomie ne me convaincra pas. Au roi, je le repete.
-- Vous m'aiderez? dit Aramis, toujours avec l'ironie de son rire.
-- Aramis, je ferai plus que de vous aider, je ferai plus que de
rester neutre, je vous sauverai.
-- Vous etes fou, d'Artagnan.
-- Je suis le plus sage de nous deux.
-- Vous, me soupconner de vouloir assassiner le roi!
-- Qui est-ce qui parle de cela? dit le mousquetaire.
-- Alors, entendons-nous, je ne vois pas ce que l'on peut faire a
un roi legitime comme le notre, si on ne l'assassine pas.
D'Artagnan ne repliqua rien.
-- Vous avez, d'ailleurs, vos gardes et vos mousquetaires ici, fit
l'eveque.
-- C'est vrai.
-- Vous n'etes pas chez M. Fouquet, vous etes chez vous.
-- C'est vrai.
-- Vous avez, a l'heure qu'il est, M. Colbert qui conseille au roi
contre M. Fouquet tout ce que vous voudriez peut-etre conseiller
si je n'etais pas de la partie.
-- Aramis! Aramis! par grace, un mot d'ami!
-- Le mot des amis, c'est la verite. Si je pense a toucher du
doigt au fils d'Anne d'Autriche, le vrai roi de ce pays de France,
si je n'ai pas la ferme intention de me prosterner devant son
trone, si, dans mes idees, le jour de demain, ici, a Vaux, ne doit
pas etre le plus glorieux des jours de mon roi, que la foudre
m'ecrase! j'y consens.
Aramis avait prononce ces paroles le visage tourne vers l'alcove
de sa chambre, ou d'Artagnan, adosse d'ailleurs a cette alcove, ne
pouvait soupconner qu'il se cachat quelqu
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