nez...
--Puisqu'elle a voulu etre ma seule creanciere.
--Elle a pu le vouloir a un moment et elle peut avoir change d'idee
maintenant.
--Eh bien, si elle avait fait ce transport, quel danger verriez-vous?
--Que celui auquel aurait ete fait ce transport pourrait, lui, vous
jouer le tour; enfin puisque heureusement il n'en est rien, dites-moi,
je vous prie, ce qui me vaut l'honneur de votre visite, et croyez bien
que je suis tout a votre disposition.
Alors tout en se promenant dans la cour au milieu des vaches et des
poulinieres qui passaient en liberte, M. de la Roche-Odon expliqua
son affaire: lui etait-il possible, au cas ou il voudrait marier sa
petite-fille, de forcer la vicomtesse de la Roche-Odon a consentir a
ce mariage? Il savait que la loi exigeait ce consentement. Il savait
d'autre part que la vicomtesse le refuserait. Mais ce qu'il ne savait
pas et ce qu'il demandait, c'etait s'il n'y avait quelque moyen de
procedure de tourner cette double difficulte. Il etait pret a tout, meme
a un proces.
Le vieux notaire secoua la tete.
--Aucun moyen de procedure, dit-il, madame la vicomtesse de la
Roche-Odon, veuve, se trouve investie seule de la puissance paternelle,
et seule elle peut l'exercer comme elle l'entend, selon son caprice ou
son interet.
--Je ne prevoyais que trop votre reponse, mon cher Painel, et c'est
plutot par acquit de conscience que par esperance que je suis venu vous
consulter.
Et il baissa la tete, accable, desespere.
Ils s'etaient arretes dans leur marche, et le bonhomme Painel avait
profite de ce moment de repos pour tirer de la poche de son gilet
une tabatiere en corne; il l'ouvrit et se bourra le nez de tabac si
completement, qu'il ne pouvait plus respirer que par la bouche.
Alors sa vieille figure tannee et ridee prit une expression de malice.
--Je vous parlais de l'interet de madame la vicomtesse, dit-il, on
s'entend toujours avec les interets.
--Comment cela?
--Voila mon voisin, j'ai besoin de passer a travers son herbage pour
aller a la riviere: il m'en empeche et je ne peux rien contre son droit,
qu'il tient de la loi; alors je lui fais une proposition.
--Laquelle?
--Dame, je lui achete a beaux deniers comptants le droit de passer.
Madame la vicomtesse a un droit, qui est celui de consentir ou de ne pas
consentir a notre mariage; nous desirons qu'elle consente, elle refuse,
nous lui faisons une offre.
--Ah! Painel.
--Dame, monsieur le comte, ca n'es
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