s soeurs Bonnefoy;
on trouve en plus chez elles des appartements propres, et une cuisine
qui si elle est necessairement composee de poulets et de beefsteaks
romains, est au moins arrangee a la francaise; enfin, on n'y est point
ecorche.
Sur la recommandation de Mgr de la Hotoie les portes de cette
respectable maison voulurent bien s'ouvrir devant madame Pretavoine et
son fils.
Ce fut mademoiselle Bonnefoy la jeune qui les recut et les installa
elle-meme dans deux chambres du premier etage, et tout de suite madame
Pretavoine se mit bien avec la vieille fille, en montrant combien elle
etait sensible a l'honneur et a la grace qu'on lui faisait.
--Il y avait si longtemps que je desirais etre recue chez vous; j'ai
soupire plus d'une fois en passant par devant la Madone sous la
protection de laquelle votre respectable maison est placee.
Mademoiselle Bonnefoy la jeune ne manquait pas de finesse, cependant
elle se laissa prendre aux paroles de madame Pretavoine, a son emotion,
a son trouble de joie, tant la flatterie est une arme puissante entre
des mains decidees a l'employer franchement, sans scrupule et sans
honte. Or cette facon de proceder etait celle de madame Pretavoine, qui
n'avait ni scrupule ni honte, et qui, alors qu'elle voulait plaire
aux gens, les louait effrontement, bassement, eux, leur femme, leurs
enfants, leur chien, leur chat, leur serin ou leur perroquet.
Elle employa le meme systeme avec la religieuse qui le lendemain, vint
se mettre a sa disposition pour la guider et l'accompagner dans ses
stations aux sanctuaires et aux basiliques.
--Lorsque Mgr de la Hotoie m'a parle de vous, ma chere soeur, mon
premier mouvement a ete de decliner cette proposition, tant je me sens
indigne de prendre le temps d'une sainte fille du Seigneur. Mais j'ai
reflechi que ces stations que je desire faire, n'ont point pour but une
vaine satisfaction, ou une coupable curiosite, mais au contraire,
mon instruction et mon salut. Or il n'y a pas oeuvre plus meritante,
n'est-ce pas, ma tres-chere soeur, que de travailler au salut de notre
prochain. Ainsi comprise, votre mission devient une oeuvre pieuse,
et c'est ainsi que vous daignerez j'espere l'accepter. C'est a une
coupable, a une pecheresse, que votre main charitable va servir de
guide. Mais avec votre secours, avec votre soutien, j'espere que je
marcherai d'un pas ferme dans la voie de la penitence et de l'expiation.
Dans le pelerinage que j'entreprends, de quelle u
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