ancais: j'ai vu ce matin mademoiselle Bonnefoy, la jeune,--elle a
cinquante-huit ou cinquante-neuf ans,--et elle veut bien mettre a
votre disposition, madame, ainsi qu'a celle de monsieur votre fils, un
appartement.
Madame Pretavoine se confondit en remerciements, gonflee de joie a la
pensee de loger dans une maison qui ne recevait que des representants
de la noblesse et du clerge. Quant a Aurelien, il demeura impassible,
cachant avec soin les sentiments qu'il eprouvait a la pensee d'aller
s'enterrer dans une maison respectable tenue par deux vieilles filles
dont la plus jeune avait cinquante-neuf ans.
--Situee via della Pigna dans le quartier de la place d'Espagne, cette
maison vous sera tres-commode pour vos visites aux eglises, car on
revient toujours facilement a la place d'Espagne; c'est un centre. Au
reste j'ai pense aussi qu'une personne vous serait tres-utile pour
vous guider dans ces visites non-seulement aux eglises, aux vieilles
basiliques fermees qu'elle vous ferait ouvrir, mais encore aux pieuses
reliques, celles des corps saints, des chaines des martyrs, de la sainte
Vierge, de la passion de Notre-Seigneur dont Rome est si riche. En
meme temps elle pourrait aussi vous introduire dans les eglises des
congregations que, en vertu de l'abominable loi de 1866, on a fait
fermer lorsqu'on a spolie le Saint-Pere. Ah! madame, vous trouverez la,
si vous le pouvez, a exercer bien utilement votre charite.
Madame Pretavoine etait toutes oreilles, car elle comprenait que ces
paroles, dites sur le ton de la simple conversation, etaient la loi que
Mgr de la Hotoie lui dictait.
--J'ai parle de cette personne a mademoiselle Bonnefoy la jeune, et elle
espere vous donner une religieuse qui sera ce guide dans vos pieuses
stations et qui vous eclairera pour vos charites.
Puis cessant de s'adresser a madame Pretavoine, pour se tourner vers
Aurelien:
--Madame votre mere m'a dit que depuis votre arrivee a Rome, vous alliez
travailler chaque matin a la bibliotheque du Vatican. Assurement cela
est fort meritoire, alors surtout que vous travaillez pour le plaisir de
l'etude, sans un but determine.
A son tour, Aurelien ecouta sans perdre un mot, car c'etait sa ligne de
conduite qu'on allait lui tracer.
--Je suis sur, continua l'eveque, que vous etes un objet de curiosite
et meme d'etonnement, on se demande sans doute si vous vous preparez a
abandonner la vie laique. Il ne faut pas en vouloir a ceux qui se posent
ces
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