t aujourd'hui la terrasse, il resta seul en arriere comme s'il
examinait le cadavre du vaincu.
XX
Le pavillon de Francois Ier
C'etait une belle chose que la chasse a l'oiseau faite par des
rois, quand les rois etaient presque des demi-dieux et que la
chasse etait non seulement un loisir, mais un art.
Neanmoins nous devons quitter ce spectacle royal pour penetrer
dans un endroit de la foret ou tous les acteurs de la scene que
nous venons de raconter vont nous rejoindre bientot.
A droite de l'allee de Violettes, longue arcade de feuillage,
retraite moussue ou, parmi les lavandes et les bruyeres, un lievre
inquiet dresse de temps en temps les oreilles, tandis que le daim
errant leve sa tete chargee de bois, ouvre les naseaux et ecoute,
est une clairiere assez eloignee pour que de la route on ne la
voie pas; mais pas assez pour que de cette clairiere on ne voie
pas la route.
Au milieu de cette clairiere, deux hommes couches sur l'herbe,
ayant sous eux un manteau de voyage, a leur cote une longue epee,
et aupres d'eux chacun un mousqueton a gueule evasee, qu'on
appelait alors un poitrinal, ressemblaient de loin, par l'elegance
de leur costume, a ces joyeux deviseurs du Decameron; de pres, par
la menace de leurs armes, a ces bandits de bois que cent ans plus
tard Salvator Rosa peignit d'apres nature dans ses paysages.
L'un d'eux etait appuye sur un genou et sur une main, et ecoutait
comme un de ces lievres ou de ces daims dont nous avons parle tout
a l'heure.
-- Il me semble, dit celui-ci, que la chasse s'etait
singulierement rapprochee de nous tout a l'heure. J'ai entendu
jusqu'aux cris des veneurs encourageant le faucon.
-- Et maintenant, dit l'autre, qui paraissait attendre les
evenements avec beaucoup plus de philosophie que son camarade,
maintenant, je n'entends plus rien: il faut qu'ils se soient
eloignes... Je t'avais bien dit que c'etait un mauvais endroit
pour l'observation. On n'est pas vu, c'est vrai, mais on ne voit
pas.
-- Que diable! mon cher Annibal, dit le premier des
interlocuteurs, il fallait bien mettre quelque part nos deux
chevaux a nous, puis nos deux chevaux de main, puis ces deux mules
si chargees que je ne sais pas comment elles feront pour nous
suivre. Or, je ne connais que ces vieux hetres et ces chenes
seculaires qui puissent se charger convenablement de cette
difficile besogne. J'oserais donc dire que, loin de blamer comme
toi M. de Mouy, je reconnais, dans tous les p
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