qu'il produisait, cherchait
des yeux quelqu'un dans cette foule et, ayant enfin apercu Chalabre, il
marcha droit a lui et lui dit:
--Monsieur de Chalabre, je voudrais vous parler, ainsi qu'a vos deux
amis.
--A vos ordres, seigneur.
Il suivit donc l'astrologue en faisant signe a Sainte-Maline et
a Montsery de l'accompagner. Dans la rue, les trois jeunes gens
rejoignirent Ruggieri qui s'arreta:
--Messieurs, dit-il, je pense que vous etes devoues a Sa Majeste... Je
sais aussi que vous etes braves, et que vous n'avez pas peur de trouer
une poitrine humaine...
--Quand c'est pour le service du roi, firent les trois spadassins en
s'inclinant.
--Justement, reprit vivement Ruggieri, c'est de cela qu'il s'agit...
Messieurs, voulez-vous sauver le roi? Un homme est venu a Chartres, dans
l'intention...
--De tuer le roi! interrompit Sainte-Maline. Nous le savons.
--Et Sa Majeste vient de nous charger de retrouver cet homme! ajouta
Montsery.
--C'est cela meme, fit Chalabre.
--Voila qui simplifie beaucoup ce que j'avais a vous dire, reprit
Ruggieri. Messieurs, il faut que ce moine meure!
--C'est ce qui se fera des que nous aurons mis la main sur lui, seigneur
astrologue, dit Sainte-Maline.
--Messieurs, fit Ruggieri, encore une question: connaissez-vous l'homme?
--Non!...
--En ce cas, messieurs, il faut suivre mes avis. Je connais le moine,
moi! S'il est encore dans la ville, je reponds de le trouver. Restez
donc a l'hotel, ne vous ecartez pas du roi, ne le perdez pas de vue un
instant.
Ruggieri, ayant parle, s'eloigna aussitot. Pas un instant l'idee ne
vint aux trois spadassins de s'etonner du ton d'autorite qu'avait pris
l'astrologue. Ils rentrerent donc a l'hotel, et, se conformant aux
instructions recues, se mirent a monter la garde devant la porte du roi.
Toute la journee ils attendirent le retour de Ruggieri. La nuit tomba.
Le roi recut ses gentilshommes comme d'habitude, et leur annonca le
depart pour Blois. La presence des trois spadassins qu'il avait charges
de retrouver le moine lui fit froncer les sourcils. Mais, habitue a
garder pour lui ses impressions, il ne souffla mot de cette affaire.
Le resultat de ses reflexions fut qu'il modifia la date du depart pour
Blois, et decida que, des le lendemain, on se mettrait en route. Puis il
s'alla coucher en recommandant a Crillon de doubler partout les gardes.
A onze heures, Ruggieri parut a l'hotel et reveilla les trois jeunes
gens. Chacun
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