e tout d'abord:
l'enfant, certes, appartenait a Limousin. Puis, peu a peu, il se remit a
hesiter. Assurement, l'affirmation d'Henriette ne pouvait avoir aucune
valeur. Elle l'avait brave, en cherchant a le desesperer. En pesant
froidement le pour et le contre, il y avait bien des chances pour
qu'elle eut menti.
Seul Limousin, peut-etre, aurait pu dire la verite. Mais comment savoir,
comment l'interroger, comment le decider a avouer?
Et quelquefois Parent se relevait en pleine nuit, resolu a aller trouver
Limousin, a le prier, a lui offrir tout ce qu'il voudrait, pour mettre
fin a cette abominable angoisse. Puis il se recouchait desespere, ayant
reflechi que l'amant aussi mentirait sans doute! Il mentirait meme
certainement pour empecher le pere veritable de reprendre son enfant.
Alors que faire? Rien!
Et il se desolait d'avoir ainsi brusque les evenements, de n'avoir point
reflechi, patiente, de n'avoir pas su attendre et dissimuler, pendant un
mois ou deux, afin de se renseigner par ses propres yeux. Il aurait du
feindre de ne rien soupconner, et les laisser se trahir tout doucement.
Il lui aurait suffi de voir l'autre embrasser l'enfant pour deviner,
pour comprendre. Un ami n'embrasse pas comme un pere. Il les aurait
epies derriere les portes! Comment n'avait-il pas songe a cela? Si
Limousin, demeure seul avec Georges, ne l'avait point aussitot saisi,
serre dans ses bras, baise passionnement, s'il l'avait laisse jouer
avec indifference, sans s'occuper de lui, aucune hesitation ne serait
demeuree possible: c'est qu'alors il n'etait pas, il ne se croyait pas,
il ne se sentait pas le pere.
De sorte que lui, Parent, chassant la mere, aurait garde son fils, et il
aurait ete heureux, tout a fait heureux.
Il se retournait dans son lit, suant et torture, et cherchant a se
souvenir des attitudes de Limousin avec le petit. Mais il ne se
rappelait rien, absolument rien, aucun geste, aucun regard, aucune
parole, aucune caresse suspects. Et puis la mere non plus ne s'occupait
guere de son enfant. Si elle l'avait eu de son amant, elle l'aurait sans
doute aime davantage.
On l'avait donc separe de son fils par vengeance, par cruaute, pour le
punir de ce qu'il les avait surpris.
Et il se decidai a aller, des l'aurore, requerir les magistrats pour se
faire rendre Georget.
Mais a peine avait-il pris cette resolution qu'il se sentait envahi par
la certitude contraire. Du moment que Limousin avait ete, des le premier
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