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jour, l'amant d'Henriette, l'amant aime, elle avait du se donner a lui avec cet elan, cet abandon, cette ardeur qui rendent meres les femmes. La reserve froide qu'elle avait toujours apportee dans ses relations intimes avec lui, Parent, n'etait-elle pas aussi un obstacle a ce qu'elle eut ete fecondee par son baiser! Alors il allait reclamer, prendre avec lui, conserver toujours et soigner l'enfant d'un autre. Il ne pourrait pas le regarder, l'embrasser, l'entendre dire "papa" sans que cette pensee le frappat, le dechirat: "Ce n'est point mon fils." Il allait se condamner a ce supplice de tous les instants, a cette vie de miserable! Non, il valait mieux demeurer seul, vivre seul, vieillir seul, et mourir seul. Et chaque jour, chaque nuit recommencaient ces abominables hesitations et ces souffrances que rien ne pouvait calmer ni terminer. Il redoutait surtout l'obscurite du soir qui vient, la tristesse des crepuscules. C'etait alors, sur son coeur, comme une pluie de chagrin, une inondation de desespoir qui tombait avec les tenebres, le noyait et l'affolait. Il avait peur de ses pensees comme on a peur des malfaiteurs, et il fuyait devant elles ainsi qu'une bete poursuivie. Il redoutait surtout son logis vide, si noir, terrible, et les rues desertes aussi ou brille seulement, de place en place, un bec de gaz, ou le passant isole qu'on entend de loin semble un rodeur et fait ralentir ou hater le pas selon qu'il vient vers vous ou qu'il vous suit. Et Parent, malgre lui, par instinct, allait vers les grandes rues illuminees et populeuses. La lumiere et la foule l'attiraient, l'occupaient et l'etourdissaient. Puis, quand il etait las d'errer, de vagabonder dans les remous du public, quand il voyait les passants devenir plus rares, et les trottoirs plus libres, la terreur de la solitude et du silence le poussait vers un grand cafe plein de buveurs et de clarte. Il y allait comme les mouches vont a la flamme, s'asseyait devant une petite table ronde, et demandait un bock. Il le buvait lentement, s'inquietant chaque fois qu'un consommateur se levait pour s'en aller. Il aurait voulu le prendre par le bras, le retenir, le prier de rester encore un peu, tant il redoutait l'heure ou le garcon, debout devant lui, prononcerait d'un air furieux: "Allons, Monsieur, on ferme!" Car, chaque soir, il restait le dernier. Il voyait rentrer les tables, eteindre, un a un, les becs de gaz, sauf deux, le sien et celui du comptoir. Il regar
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