ntenant, et il
se repetait: "Allons, c'est le moment: de l'audace, de l'audace! C'est
le moment."
Il se retourna. Ils s'etaient assis, tous les trois, sur l'herbe, au
pied d'un gros arbre; et ils causaient toujours.
Alors il se decida, et il revint a pas rapides. S'etant arrete devant
eux, debout au milieu du chemin, il balbutia d'une voix breve, d'une
voix cassee par l'emotion:
--C'est moi! Me voici! Vous ne m'attendiez pas?
Tous trois examinaient cet homme qui leur semblait fou.
Il reprit:
--On dirait que vous ne m'avez pas reconnu. Regardez-moi donc! Je suis
Parent, Henri Parent. Hein, vous ne m'attendiez pas? Vous pensiez que
c'etait fini, bien fini, que vous ne me verriez plus jamais, jamais. Ah!
mais non, me voila revenu. Nous allons nous expliquer, maintenant.
Henriette, effaree, cacha sa figure dans ses mains, en murmurant: "Oh!
mon Dieu!"
Voyant cet inconnu qui semblait menacer sa mere, Georges s'etait leve,
pret a le saisir au collet.
Limousin, atterre, regardait avec des yeux effares ce revenant qui,
ayant souffle quelques secondes, continua:--Alors nous allons nous
expliquer maintenant. Voici le moment venu! Ah! vous m'avez trompe, vous
m'avez condamne a une vie de forcat, et vous avez cru que je ne vous
rattraperais pas!
Mais le jeune homme le prit par les epaules, et le repoussant:
--Etes-vous fou? Qu'est-ce que vous voulez? Passez votre chemin bien
vite ou je vais vous rosser, moi!
Parent repondit:
--Ce que je veux? Je veux t'apprendre ce que sont ces gens-la.
Mais Georges, exaspere, le secouait, allait le frapper. L'autre reprit:
--Lache-moi donc. Je suis ton pere... Tiens, regarde s'ils me
reconnaissent maintenant, ces miserables!
Effare, le jeune homme ouvrit les mains et se tourna vers sa mere.
Parent, libre, s'avanca vers elle:
--Hein? Dites-lui qui je suis, vous! Dites-lui que je m'appelle Henri
Parent, et que je suis son pere puisqu'il se nomme Georges Parent,
puisque vous etes ma femme, puisque vous vivez tous les trois de mon
argent, de la pension de dix mille francs que je vous fais depuis que je
vous ai chasses de chez moi. Dites-lui aussi pourquoi je vous ai chasses
de chez moi? Parce que je vous ai surprise avec ce gueux, cet infame,
avec votre amant!
--Dites-lui ce que j'etais, moi, un brave homme, epouse par vous pour ma
fortune, et trompe depuis le premier jour. Dites-lui qui vous etes et
qui je suis...
Il balbutiait, haletait, emporte par la
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