lqu'un de tres vilain, de tres
ridicule, de tres repugnant, avec un gros ventre,--c'est ca qui est
affreux,--et de gros mollets velus. Tu le vois, n'est-ce pas? Eh bien,
figure-toi encore que ce quelqu'un-la est ton mari... et que... tous
les soirs... tu comprends. Non, c'est odieux...! odieux...! Moi, ca me
donnait des nausees, de vraies nausees... des nausees dans ma cuvette.
Vrai, je ne pouvais plus. Il devrait y avoir une loi pour proteger les
femmes dans ces cas-la.--Mais figure-toi ca, tous les soirs... Pouah!
que c'est sale!
Ce n'est pas que j'aie reve des amours poetiques, non, jamais. On n'en
trouve plus. Tous les hommes, dans notre monde, sont des palefreniers ou
des banquiers; ils n'aiment que les chevaux ou l'argent; et s'ils aiment
les femmes, c'est a la facon des chevaux, pour les montrer dans leur
salon comme on montre au bois une paire d'alezans. Rien de plus. La vie
est telle aujourd'hui que le sentiment n'y peut avoir aucune part.
Vivons donc en femmes pratiques et indifferentes. Les relations meme ne
sont plus que des rencontres regulieres, ou on repete chaque fois les
memes choses. Pour qui pourrait-on, d'ailleurs, avoir un peu d'affection
ou de tendresse? Les hommes, nos hommes, ne sont en general que
des mannequins corrects a qui manquent toute intelligence et toute
delicatesse. Si nous cherchons un peu d'esprit comme on cherche de l'eau
dans le desert, nous appelons pres de nous des artistes; et nous voyons
arriver des poseurs insupportables ou des bohemes mal eleves. Moi je
cherche un homme, comme Diogene, un seul homme dans toute la societe
parisienne; mais je suis deja bien certaine de ne pas le trouver et je
ne tarderai pas a souffler ma lanterne. Pour en revenir a mon mari,
comme ca me faisait une vraie revolution de le voir entrer chez moi en
chemise et en calecon, j'ai employe tous les moyens, tous, tu entends
bien, pour l'eloigner et pour... le degouter de moi. Il a d'abord ete
furieux; et puis il est devenu jaloux; il s'est imagine que je le
trompais. Dans les premiers temps, il se contentait de me surveiller
Il regardait avec des yeux de tigre tous les hommes qui venaient a la
maison; et puis la persecution a commence. Il m'a suivie, partout. Il a
employe des moyens abominables pour me surprendre. Puis il ne m'a plus
laissee causer avec personne. Dans les bals, il restait plante derriere
moi, allongeant sa grosse tete de chien courant aussitot que je disais
un mot. Il me poursuivait a
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