cherchait a lui demontrer ses torts, comme si cette
demonstration avait du l'apaiser. Pour Marat, qui s'etait cru necessaire a
ces conferences, personne n'avait daigne lui donner une explication, et
ses amis memes, pour n'avoir pas a se justifier de cette alliance, ne lui
adressaient jamais la parole. De pareilles conferences devaient aigrir
plutot que radoucir les chefs opposes: fussent-ils parvenus a se prouver
reciproquement leurs torts, une telle demonstration ne les eut
certainement pas concilies. Les choses en etaient a ce point, lorsque les
evenemens de la Belgique furent connus a Paris.
Sur-le-champ on s'accusa de part et d'autre; on se reprocha de contribuer
aux desastres publics, les uns en desorganisant le gouvernement, les
autres en voulant ralentir son action. On demanda des explications sur la
conduite de Dumouriez. On lut la lettre du 12 mars, qui avait ete tenue
secrete, et a cette lecture on s'ecria que Dumouriez trahissait, que bien
evidemment il tenait la conduite de Lafayette, et qu'a son exemple il
commencait sa trahison par des lettres insolentes a l'assemblee. Une
seconde lettre, ecrite le 27 mars, et plus hardie que celle du 12, excita
encore davantage les soupcons. De tous cotes on pressa Danton d'expliquer
ce qu'il savait de Dumouriez. Personne n'ignorait que ces deux hommes
avaient du gout l'un pour l'autre, que Danton avait insiste pour tenir
secrete la lettre du 12 mars, et qu'il etait parti pour en obtenir la
retractation. On disait meme qu'ils avaient malverse ensemble dans la
riche Belgique. Aux Jacobins, dans le comite de defense generale, dans
l'assemblee, on somma Danton de s'expliquer. Celui-ci, embarrasse des
soupcons des girondins et des doutes des montagnards eux-memes, eprouva
pour la premiere fois quelque peine a repondre. Il dit que les grands
talens de Dumouriez avaient paru meriter des menagemens; qu'on avait cru
convenable de le voir, avant de le denoncer, afin de lui faire sentir ses
torts, et le ramener, s'il etait possible, a de meilleurs sentimens; que
jusqu'ici les commissaires n'avaient vu dans sa conduite que l'effet de
mauvaises suggestions, et surtout le chagrin de ses derniers revers; mais
qu'ils avaient cru, et qu'ils croyaient encore, pouvoir conserver ses
talens a la republique.
Robespierre dit que, s'il en etait ainsi, il ne fallait pas le menager, et
qu'il etait inutile de garder tant de mesure avec lui. Il renouvela en
outre la motion que Louvet avait faite
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