aient composes de membres suspects, parce qu'ils
etaient moderes; et dans ce temps ou la promptitude, la force, etaient des
conditions indispensables de succes, toute lenteur, toute moderation etait
suspecte de conspiration. On songea donc a etablir un comite qui reunirait
a la fois les fonctions du comite diplomatique, du comite militaire, du
comite de surete generale, qui pourrait au besoin ordonner et agir de son
chef, et arreter ou suppleer l'action ministerielle. Divers projets
d'organisation furent presentes pour remplir cet objet, et confies a une
commission chargee de les discuter. Immediatement apres, on s'occupa des
moyens d'atteindre l'ennemi interieur, c'est-a-dire _les aristocrates, les
traitres_, dont on se disait entoure. La France, s'ecriait-on, est pleine
de pretres refractaires, de nobles, de leurs anciennes creatures, de leurs
anciens domestiques, et cette clientele, encore considerable, nous
entoure, nous trahit, et nous menace aussi dangereusement que les
baionnettes ennemies. Il faut les decouvrir, les signaler, et les entourer
d'une lumiere qui les empeche d'agir. Les jacobins avaient donc propose,
et la convention avait decrete que, d'apres une coutume empruntee a la
Chine, le nom de toutes les personnes habitant une maison serait inscrit
sur leurs portes[1].
[Note 1: Decret du 29 mars.]
On avait ensuite ordonne le desarmement de tous les citoyens _suspects_,
et on avait qualifie tels, les pretres non assermentes, les nobles, les
ci-devant seigneurs, les fonctionnaires destitues, etc. Le desarmement
devait s'operer par la voie des visites domiciliaires; et le seul
adoucissement apporte a cette mesure fut que les visites ne pouvaient
avoir lieu la nuit. Apres s'etre ainsi assure le moyen de poursuivre et
d'atteindre tous ceux qui donnaient le moindre ombrage, on avait enfin
ajoute celui de les frapper de la maniere la plus prompte, en installant
le tribunal revolutionnaire. C'est sur la proposition de Danton que ce
terrible instrument de la defiance revolutionnaire fut mis en exercice.
Cet homme redoutable en avait compris l'abus, mais avait tout sacrifie au
but. Il savait que frapper vite, c'est examiner moins attentivement;
qu'examiner moins attentivement, c'est s'exposer a se tromper, surtout en
temps de partis; et que se tromper, c'est commettre une atroce injustice.
Mais, a ses yeux, la revolution etait la societe accelerant son action en
toutes choses, en matiere de justice, d'administrati
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