ntinuee bientot par des hommes
d'un rang superieur. Les paysans allerent dans les chateaux, et forcerent
les nobles a se mettre a leur tete. Tout le Marais voulut etre commande
par Charette. Il etait d'une famille d'armateurs de Nantes; il avait servi
dans la marine, ou il etait devenu lieutenant de vaisseau, et a la paix il
s'etait retire dans un chateau appartenant a un oncle, ou il passait sa
vie a chasser. D'une complexion faible et delicate, il semblait peu propre
aux fatigues de la guerre; mais, vivant dans les bois, ou il passait des
mois entiers, couchant a terre avec les chasseurs, il s'etait renforce,
avait acquis une parfaite habitude du pays, et s'etait fait connaitre de
tous les paysans par son adresse et son courage. Il hesita d'abord a
accepter le commandement, en faisant sentir aux insurges les dangers de
l'entreprise. Cependant il se rendit a leurs instances, et en leur
laissant commettre tous les exces, il les compromit et les engagea
irrevocablement a son service. Habile, ruse, d'un caractere dur et d'une
opiniatrete indomptable, il devint le plus terrible des chefs vendeens.
Tout le Marais lui obeissait, et avec quinze et quelquefois vingt mille
hommes, il menacait les Sables et Nantes. A peine tout son monde fut-il
reuni, qu'il s'empara de l'ile de Noirmoutiers, ile importante dont il
pouvait faire sa place de guerre, et son point de communication avec les
Anglais.
Dans le Bocage, les paysans s'adresserent a MM. de Bonchamps, d'Elbee, de
La Rochejaquelein, et les arracherent de leurs chateaux pour les mettre a
leur tete. M. de Bonchamps avait autrefois servi sous M. de Suffren, etait
devenu un officier habile, et reunissait a une grande intrepidite un
caractere noble et eleve. Il commandait tous les revoltes de l'Anjou et
des bords de la Loire. M. d'Elbee avait servi aussi, et joignait a une
devotion excessive un caractere obstine, et une grande intelligence de ce
genre de guerre. C'etait dans le moment le chef le plus accredite de cette
partie du Bocage. Il commandait les paroisses autour de Cholet et de
Beaupreau. Cathelineau et Stofflet garderent leur commandement du a la
confiance qu'ils avaient inspiree, et se reunirent a MM. De Bonchamps et
d'Elbee, pour marcher sur Bressuire, ou se trouvait le general Quetineau.
Celui-ci avait fait enlever du chateau de Clisson la famille de Lescure,
qu'il soupconnait de conspiration, et la detenait a Bressuire. Henri de La
Rochejaquelein, jeune gentilhomme a
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