les garcons des cafes et des traiteurs, que tous les
domestiques partent sur-le-champ; que les societes populaires marchent
tout entieres, que des commissaires de l'assemblee se rendent aussitot
dans les sections pour les decider a fournir leur contingent; que trente
mille hommes partent en poste dans les voitures de luxe; que les riches
contribuent sans delai et donnent le dixieme de leur fortune; que les
suspects soient enfermes et gardes en otages; que la conduite des
ministres soit examinee; que le comite de salut public soit charge de
rediger une instruction pour les citoyens dont l'opinion est egaree; que
toute affaire civile cesse, que l'activite des tribunaux civils soit
suspendue, que les spectacles soient fermes, que le tocsin sonne, et que
le canon d'alarme soit tire.
Danton, pour apporter quelque assurance au milieu de ce trouble general,
fait deux remarques; la premiere, c'est que la crainte de degarnir Paris
des bons citoyens qui sont necessaires a sa surete, ne doit pas empecher
le recrutement, car il restera toujours a Paris cent cinquante mille
hommes, prets a se lever, et a exterminer les aristocrates qui oseraient
s'y montrer; la seconde, c'est que l'agitation des guerres civiles, loin
d'etre un sujet d'espoir, doit etre au contraire un sujet de terreur pour
les ennemis exterieurs. "Montesquieu, dit-il, l'a deja remarque en parlant
des Romains; un peuple dont tous les bras sont armes et exerces, dont
toutes les ames sont aguerries, dont tous les esprits sont exaltes, dont
toutes les passions sont changees en fureur de combattre, un tel peuple
n'a rien a craindre du courage froid et mercenaire des soldats etrangers.
Le plus faible des deux partis que la guerre civile mettrait aux prises,
serait toujours assez fort pour detruire des automates a qui la discipline
ne tient pas lieu de vie et de feu."
Il est ordonne aussitot que quatre-vingt-seize commissaires se rendront
dans les sections pour obtenir leur contingent, et que le comite de salut
public continuera ses fonctions pendant un mois de plus. Custine est nomme
general de l'armee du Nord, Houchard de celle du Rhin. On fait la
distribution des armees autour des frontieres. Cambon presente un projet
d'emprunt force d'un milliard, qui sera rempli par les riches et
hypotheque sur les biens des emigres. "C'est un moyen, dit-il, d'obliger
les riches a prendre part a la revolution, en les reduisant a acquerir une
partie des biens nationaux, s'ils veulen
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