Angleterre que je dois faire connaitre. Le but de Pitt est d'armer une
partie du peuple contre l'autre, en le poussant a l'insurrection. Cette
insurrection doit commencer par les femmes; on se portera contre
plusieurs deputes, on les egorgera, on dissoudra la convention nationale,
et ce moment sera choisi pour faire une descente sur nos cotes.
"Voila, dit Isnard, la declaration que je devais a mon pays."
La majorite applaudit Isnard. On ordonne l'impression de sa declaration;
on decrete de plus que les deputes ne se separeront point, et que tous les
dangers leur seront communs. On s'explique ensuite sur le tumulte des
tribunes. On dit que ces femmes qui les troublent appartiennent a une
societe dite de la _Fraternite_, qu'elles viennent occuper la salle, en
exclure les etrangers, les federes des departemens, et y troubler les
deliberations par leurs huees. Il est question alors des societes
populaires, et les murmures eclatent aussitot. Marat, qui n'a cesse de
parcourir les corridors et de passer d'un banc de la salle a l'autre,
parlant toujours des _hommes d'etat_, designe l'un des membres du cote
droit, en lui disant: _Tu en es un, toi, mais le peuple fera justice de
toi et des autres_. Guadet s'elance alors a la tribune, pour provoquer au
milieu de ce danger une determination courageuse. Il rappelle tous les
troubles dont Paris est le theatre, les propos tenus dans les assemblees
populaires, les affreux discours proferes par les jacobins, les projets
exprimes dans l'assemblee, reunie a la mairie; il dit que le tumulte dont
on est temoin n'a pour but que d'amener une scene de confusion, au milieu
de laquelle on executera les assassinats qu'on medite. A chaque instant
interrompu, il parvient neanmoins a se faire entendre jusqu'au bout, et
propose deux mesures d'une energie heroique mais impossible.
"Le mal, dit-il, est dans les autorites anarchiques de Paris; je vous
propose donc de les casser, et de les remplacer par tous les presidens
de sections.
"La convention n'etant plus libre, il faut reunir ailleurs une autre
assemblee et decreter que tous les suppleans se reuniront a Bourges, et
seront prets a s'y constituer en convention, au premier signal que vous
leur donnerez, ou au premier avis qu'ils recevront de la dissolution de la
convention."
A cette double proposition, un desordre epouvantable eclate dans
l'assemblee. Tous les membres du cote droit se levent en criant que c'est
la le seul moyen de salut, e
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