utrefois enrole dans la garde du roi,
et maintenant retire dans le Bocage, se trouvait a Clisson chez son cousin
de Lescure. Il s'evada, souleva les Aubiers, ou il etait ne, et toutes les
paroisses autour de Chatillon. Il se joignit ensuite aux autres chefs,
avec eux forca le general Quetineau a s'eloigner de Bressuire. M. de
Lescure fut alors delivre avec sa famille. C'etait un jeune homme de l'age
de Henri de La Rochejaquelein. Il etait calme, prudent, d'une bravoure
froide mais inebranlable, et joignait a ces qualites un rare esprit de
justice. Henri, son cousin, avait une bravoure heroique et souvent
emportee; il etait bouillant et genereux. M. de Lescure se mit alors a la
tete de ses paysans, qui vinrent se reunir a lui, et tous ensemble se
rendirent a Bressuire pour marcher de la sur Thouars. Les femmes de tous
les chefs distribuaient des cocardes et des drapeaux; on s'exaltait par
des chants, on marchait comme a une croisade. L'armee ne trainait point
avec elle de bagages; les paysans, qui ne voulaient jamais rester
long-temps absens, portaient avec eux le pain necessaire a la duree de
chaque expedition, et, dans les cas extraordinaires, les paroisses
averties preparaient des vivres pour ceux qui en manquaient. Cette armee
se composait d'environ trente mille hommes, et fut appelee la grande armee
royale et catholique. Elle faisait face a Angers, Saumur, Doue, Thouars et
Parthenay. Entre cette armee et celle du Marais, commandee par Charette,
se trouvaient divers rassemblemens intermediaires, dont le principal, sous
les ordres de M. de Royrand, pouvait s'elever a dix ou douze mille hommes.
Le grand rassemblement commande par MM. De Bonchamps, d'Elbee, de Lescure,
de la Rochejaquelein, Cathelineau, Stofflet, arriva devant Thouars le 3
mai, et se prepara a l'attaquer des le 4 au matin. Il fallait traverser le
Thoue, qui entoure la ville de Thouars presque de toutes parts. Le general
Quetineau fit defendre les passages. Les Vendeens canonnerent quelque
temps avec l'artillerie qu'ils avaient prise aux republicains, et
tiraillerent sur la rive avec leur succes accoutume. M. de Lescure voulant
alors decider le passage, s'avance au milieu des balles dont son habit est
crible, et ne peut entrainer qu'un seul paysan. Mais La Rochejaquelein
accourt, ses gens le suivent; on passe le pont, et les republicains sont
refoules dans la place. Il fallait pratiquer une breche, mais on manquait
des moyens necessaires. Henri de La Roch
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