nt sur Saint-Fulgent, il rencontra de nouveau les Vendeens dans un
fond, et s'arreta pour retablir un pont qu'ils avaient detruit. Vers les
quatre heures d'apres midi, le 18 mars, les Vendeens, prenant
l'initiative, vinrent l'attaquer. Profitant encore des avantages du sol,
ils commencerent a tirailler avec leur superiorite ordinaire, cernerent
peu a peu l'armee republicaine, etonnee de ce feu si meurtrier, et reduite
a l'impuissance d'atteindre un ennemi cache, disperse dans tous les replis
du terrain. Enfin ils l'assaillirent, repandirent le desordre dans ses
rangs, et s'emparerent de l'artillerie, des munitions et des armes que les
soldats jetaient en se retirant, pour etre plus legers dans leur fuite.
Ces succes, plus prononces dans le departemens de la Vendee proprement
dit, valurent aux insurges le nom de _Vendeens_, qu'ils conserverent
depuis, quoique la guerre fut bien plus active hors de la Vendee. Les
brigandages commis dans le Marais leur firent donner le nom de _brigands_,
quoique le plus grand nombre ne meritat pas ce titre. L'insurrection
s'etendait dans le Marais, depuis les environs de Nantes jusqu'aux Sables,
et dans l'Anjou et le Poitou, jusqu'aux environs de Vihiers et de
Parthenay. La cause des succes des Vendeens etait dans le pays, dans sa
configuration, dans leur adresse et leur courage a profiter de ces
avantages naturels, enfin dans l'inexperience et l'imprudente ardeur des
troupes republicaines, qui, levees a la hate, venaient les attaquer
precipitamment, et leur procurer ainsi des victoires, et tout ce qui en
est la suite, c'est-a-dire des munitions, de la confiance et du courage.
La paque avait ramene tous les insurges dans leurs demeures, d'ou ils ne
consentaient jamais a s'eloigner long-temps. La guerre etait pour eux une
espece de chasse de quelques jours; ils y portaient du pain pour le temps
necessaire, et revenaient ensuite enflammer leurs voisins par leurs
recits. Il y eut des rendez-vous donnes pour le mois d'avril.
L'insurrection fut alors generale, et s'etendit sur toute la surface du
pays. On pourrait comprendre ce theatre de la guerre dans une ligne qui,
en partant de Nantes, passerait par Pornic, l'ile de Noirmoutiers, les
Sables, Lucon, Fontenay, Niort, Parthenay, et reviendrait par Airvault,
Thouars, Doue et Saint-Florent jusqu'a la Loire. L'insurrection, commencee
par des hommes qui n'etaient superieurs aux paysans qu'ils commandaient
que par leurs qualites naturelles, fut co
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