table talent que dans toutes ses declamations ordinaires.
Vergniaud s'elance a la tribune, le coeur oppresse, et demande la parole
avec tant de vivacite, d'instance, de resolution, qu'on la lui accorde, et
que les tribunes et la Montagne finissent par la lui laisser sans trouble.
Il oppose au discours medite de Robespierre un discours improvise avec la
chaleur du plus eloquent et du plus innocent des hommes.
"Il osera, dit-il, repondre a monsieur Robespierre, et il n'emploiera ni
temps ni art pour repondre, car il n'a besoin que de son ame. Il ne
parlera pas pour lui, car il sait que dans les temps de l'evolution, la
lie des nations s'agite, et domine un instant les hommes de bien, mais
pour eclairer la France. Sa voix, qui plus d'une fois a porte la terreur
dans ce palais, d'ou elle a concouru a precipiter la tyrannie, la portera
aussi dans l'ame des scelerats qui voudraient substituer leur propre
tyrannie a celle de la royaute."
Alors il repond a chaque inculpation de Robespierre, ce que chacun y peut
repondre d'apres la simple connaissance des faits. Il a provoque la
decheance par son discours de juillet. Un peu avant le 10 aout, doutant du
succes de l'insurrection, ne sachant meme pas si elle aurait lieu, il a
indique a un envoye de la cour ce qu'elle devait faire pour se reconcilier
avec la nation et sauver la patrie. Le 10 aout, il a siege au bruit du
canon, tandis que monsieur Robespierre etait dans une cave. Il n'a pas
fait prononcer la decheance, parce que le combat etait douteux; et il a
propose de nommer un gouverneur au dauphin, parce que, dans le cas ou la
royaute eut ete maintenue, une bonne education donnee au jeune prince
assurait l'avenir de la France. Lui et ses amis ont fait declarer la
guerre, parce qu'elle l'etait deja de fait, et qu'il valait mieux la
declarer ouvertement, et se defendre, que la souffrir sans la faire. Lui
et ses amis ont ete portes au ministere et dans les comites par la voix
publique. Dans la commission des vingt et un de l'assemblee legislative,
ils se sont opposes a ce qu'on quittat Paris, et ils ont prepare les
moyens que la France a deployes dans l'Argonne. Dans le comite de surete
generale de la convention, ils ont travaille constamment, et a la face de
leurs collegues qui pouvaient assister a leurs travaux. Lui, Robespierre,
a deserte le comite et n'y a jamais paru. Ils n'ont pas calomnie Paris,
mais combattu les assassins qui usurpaient le nom de Parisiens, et
deshonorai
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