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compris l'impossibilite des exceptions et la necessite d'une regle
uniforme et absolue dans les grandes reformes sociales. On ne savait donc,
au milieu de ces campagnes, presque rien de la revolution; on savait
seulement ce que le mecontentement des seigneurs et des cures en avait
appris au peuple. Quoique les droits feodaux fussent abolis, on ne cessa
pas de les payer. Il fallut se reunir, nommer des maires; on le fit, et on
pria les seigneurs de l'etre. Mais lorsque la destitution des pretres non
assermentes priva les paysans des cures qui jouissaient de leur confiance,
ils furent fort irrites, et, comme dans la Bretagne, ils coururent dans
les bois, et allerent a de grandes distances assister aux ceremonies du
culte, seul veritable a leurs yeux. Des ce moment une haine violente
s'alluma dans les ames, et les pretres n'oublierent rien pour l'exciter
davantage. Le 10 aout rejeta dans leurs terres quelques nobles poitevins;
le 21 janvier les revolta, et ils communiquerent leur indignation autour
d'eux. Cependant ils ne conspirerent pas, comme on l'a cru; mais les
dispositions connues du pays inspirerent a des hommes qui lui etaient
etrangers des projets de conspiration. Il s'en etait trame un en Bretagne,
mais aucun dans le Bocage; il n'y avait la aucun plan arrete; on s'y
laissait pousser a bout. Enfin la levee de trois cent mille hommes excita
au mois de mars une insurrection generale. Au fond, peu importait aux
paysans du Bas-Poitou ce qui se faisait en France; mais la dispersion de
leur clerge, et surtout l'obligation de se rendre aux armees, les
exaspera. Dans l'ancien regime, le contingent du pays n'etait fourni que
par ceux que leur inquietude naturelle portait a quitter la terre natale;
mais aujourd'hui la loi les frappait tous, quels que fussent leurs gouts
personnels. Obliges de prendre les armes, ils prefererent se battre contre
la republique que pour elle. Presque en meme temps, c'est-a dire au
commencement de mars, le tirage fut l'occasion d'une revolte dans le haut
Bocage et dans le Marais. Le 10 mars, le tirage devait avoir lieu a
Saint-Florent, pres d'Ancenis en Anjou: les jeunes gens s'y refuserent. La
garde voulut les y obliger; le commandant militaire fit pointer une piece
et tirer sur les mutins. Ils s'elancerent alors avec leurs batons,
s'emparerent de la piece, desarmerent la garde, et furent cependant assez
etonnes de leur temerite. Un voiturier, nomme Cathelineau, homme tres
considere dans l
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