s provinces qu'a
Paris, et les contrarietes qu'allaient eprouver sur leur route ses
commissaires envoyes pour presser le recrutement, devaient bientot pousser
son irritation au dernier terme. Toutes les provinces etaient parfaitement
disposees pour la revolution, mais toutes ne l'avaient pas embrassee avec
autant d'ardeur, et ne s'etaient pas signalees par autant d'exces que la
ville de Paris. Ce sont les ambitions oisives, les esprits ardens, les
talens superieurs, qui les premiers s'engagent dans les revolutions; une
capitale en renferme toujours beaucoup plus que les provinces, parce
qu'elle est le rendez-vous de tous les hommes qui, par independance ou
ambition, abandonnent le sol, la profession et les traditions de leurs
peres. Paris devait donc produire les plus grands revolutionnaires. Placee
en outre a peu de distance des frontieres, but de tous les coups de
l'ennemi, cette ville avait couru plus de danger qu'aucune cite de la
France: siege des autorites, elle avait vu s'agiter dans son sein toutes
les grandes questions. Ainsi le danger, la dispute, tout s'etait reuni
pour produire chez elle l'emportement et les exces. Les provinces, qui
n'etaient pas soumises aux memes causes d'agitation, avaient vu ces exces
avec effroi, et partageaient les sentimens du cote droit et de la Plaine.
Mecontentes surtout des traitemens essuyes par leurs deputes, elles
croyaient voir dans la capitale, outre l'exageration revolutionnaire,
l'ambition de dominer la France, comme Rome dominait les provinces
conquises. Telles etaient les dispositions de la masse calme,
industrieuse, moderee, a l'egard des revolutionnaires de Paris. Cependant
ces dispositions etaient plus ou moins prononcees suivant les
circonstances locales. Chaque province, chaque cite avait aussi ses
revolutionnaires emportes, parce qu'en tous lieux se trouvent des esprits
aventureux, des caracteres ardens. Presque tous les hommes de cette espece
s'etaient empares des municipalites, et ils avaient profite pour cela du
renouvellement general des autorites, ordonne par la legislative apres le
10 aout. La masse inactive et moderee cede toujours le pas aux plus
empresses, et il etait naturel que les individus les plus violens
s'emparassent des fonctions municipales, les plus difficiles de toutes, et
qui exigeaient le plus de zele et d'activite. Les citoyens paisibles, qui
forment le grand nombre, s'etaient retires dans les sections, ou ils
allaient donner quelquefois leurs
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