au
milieu d'une grele de coups de fusil, et, acceptant un cheval d'un
domestique, s'enfuit a toute bride vers Bury. Apres avoir couru toute la
journee, il y arrive le soir, et est rejoint par le colonel Mack, averti
de ce qui s'etait passe. Il emploie toute la nuit a ecrire, et a convenir
avec le colonel Mack et le prince de Cobourg de toutes les conditions
de leur alliance, et il les etonne par le projet de retourner au milieu de
son armee apres ce qui venait d'arriver.
Des le matin en effet, il remonta a cheval, et, accompagne par des
cavaliers imperiaux, il rentra par Maulde au milieu de son armee. Quelques
troupes de ligne l'entourerent et lui donnerent encore des demonstrations
d'attachement; cependant beaucoup de visages etaient mornes. La nouvelle
de sa fuite a Bury, au milieu des armees ennemies, et la vue des dragons
imperiaux, avaient produit une impression funeste pour lui, honorable pour
nos soldats, et heureuse pour la fortune de la France. On lui apprit en
effet que l'artillerie, sur la nouvelle qu'il avait passe aux Autrichiens,
venait de quitter le camp, et que la retraite de cette portion de l'armee
si influente avait decourage le reste. Des divisions entieres se rendaient
a Valenciennes, et se ralliaient a Dampierre. Il se vit alors oblige de
quitter definitivement son armee, et de repasser aux Imperiaux. Il y fut
suivi par un nombreux etat-major, dans lequel se trouvaient les deux
jeunes d'Orleans, et Thouvenot, et par les hussards de Berchiny, dont le
regiment tout entier voulut l'accompagner.
Le prince de Cobourg et le colonel Mack, dont il etait devenu l'ami, le
traiterent avec beaucoup d'egards, et on voulut renouveler avec lui les
projets de la veille, en le faisant le chef d'une nouvelle emigration qui
serait autre que celle de Coblentz. Mais apres deux jours, il dit au
prince autrichien que c'etait avec les soldats de la France, et en
acceptant les Imperiaux seulement comme auxiliaires, qu'il avait cru
executer ses projets contre Paris; mais que sa qualite de Francais ne lui
permettait pas de marcher a la tete des etrangers. Il demanda des
passeports pour se retirer en Suisse. On les lui accorda sur-le-champ. Le
grand cas qu'on faisait de ses talens, et le peu de cas qu'on faisait de
ses principes politiques, lui valurent des egards que n'avait pas obtenus
Lafayette, qui, dans ce moment, expiait dans les cachots d'Olmutz sa
constance heroique. Ainsi finit la carriere de cet homme superieur, q
|