ceux de la commune et
des jacobins. Robespierre, qui sans doute desirait le resultat de
l'insurrection, mais qui redoutait l'emploi de ce moyen, et qui avait eu
peur a la veille de chaque mouvement, s'eleva contre les resolutions
violentes discutees dans ces reunions inferieures, et persista dans sa
politique favorite, qui consistait a diffamer les deputes pretendus
infideles, et a les perdre dans l'opinion, avant d'employer contre eux
aucune autre mesure. Aimant l'accusation, il redoutait l'usage de la
force, et preferait aux insurrections les luttes des tribunes, qui etaient
sans danger, et dont il avait tout l'honneur. Marat, qui avait parfois la
vanite de la moderation, comme toutes les autres, denonca la reunion de
l'Eveche, quoiqu'il eut fourni les principes d'apres lesquels on l'avait
formee. On envoya des commissaires pour s'assurer si les membres qui la
composaient etaient des hommes d'un zele outre, ou bien des agitateurs
payes. Apres s'etre convaincue que ce n'etait que des patriotes trop
ardens, la societe des jacobins, ne voulant pas les exclure de son sein,
comme on l'avait propose, fit dresser une liste de leurs noms pour pouvoir
les surveiller, et elle proposa une desapprobation publique de leur
conduite, parce que, suivant elle, il ne devait pas y avoir d'autre centre
de salut public qu'elle-meme. Ainsi s'etait preparee, et avait ete
critiquee d'avance, l'insurrection du 10 aout. Tous ceux qui n'ont pas
l'audace d'agir, tous ceux qui sont faches de se voir devances,
desapprouvent les premieres tentatives, tout en desirant leur resultat.
Danton seul gardait sur ces mouvemens un profond silence, et ne desavouait
ni ne desapprouvait les agitateurs subalternes. Il n'aimait point a
triompher a la tribune par de longues accusations, et il preferait les
moyens d'action qui, dans ses mains, etaient immenses, car il avait a sa
disposition tout ce que Paris renfermait de plus immoral et de plus
turbulent. On ne sait cependant s'il agissait secretement, mais il gardait
un silence menacant.
Plusieurs sections condamnerent la reunion de l'Eveche; et celle du Mail
fit, a ce sujet, une petition energique a la convention. Celle de
Bonne-Nouvelle vint, au contraire, lire une adresse dans laquelle elle
denoncait, comme amis et complices de Dumouriez, Brissot, Vergniaud,
Guadet, Gensonne, etc., et demandait qu'on les frappat du glaive des lois.
Apres de vives agitations, en sens contraires, les petitionnaires recurent
le
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