mes de complicite avec les ennemis de l'etat; 3 deg. enfin, la mise en
arrestation et la translation dans les prisons de Marseille, de Philippe
d'Orleans et de toute sa famille[1]. Ainsi, la destinee de ce prince,
jouet de tous les partis, tour a tour suspect aux jacobins et aux
girondins, et accuse de conspirer avec tout le monde parce qu'il ne
conspirait avec personne, etait la preuve qu'aucune grandeur passee ne
pouvait subsister au milieu de la revolution actuelle, et que le plus
profond, et le plus volontaire abaissement ne pourrait ni calmer les
defiances, ni conjurer l'echafaud.
[Note 1: Decret du 6 avril.]
Dumouriez ne crut pas devoir perdre un moment. Voyant Dampierre et
plusieurs generaux de division l'abandonner, d'autres n'attendre que le
moment favorable, et une foule d'emissaires travailler ses troupes, il
pensait qu'il fallait les mettre en mouvement, pour entrainer ses
officiers et ses soldats, et les soustraire a toute autre influence que la
sienne. D'ailleurs, le temps pressait, il fallait agir. En consequence,
il fit fixer un rendez-vous avec le prince de Cobourg, pour le 4 avril au
matin, afin de regler definitivement avec lui et le colonel Mack les
operations qu'il meditait. Le rendez-vous devait avoir lieu pres de Conde.
Son projet etait d'entrer ensuite dans la place, de purger la garnison, et
se portant avec toute son armee sur Orchies, de menacer Lille, et de
tacher de la reduire en deployant toutes ses forces.
Le 4 au matin, il partit pour se rendre au lieu du rendez-vous, et de la a
Conde. Il n'avait commande qu'une escorte de cinquante chevaux, et comme
elle tardait d'arriver, il se mit en route, ordonnant qu'on l'envoyat a sa
suite. Thouvenot, les fils d'Orleans, quelques officiers et un certain
nombre de domestiques l'accompagnaient. A peine arrive sur le chemin de
Conde, il rencontre deux bataillons de volontaires, qu'il est fort etonne
d'y trouver. N'ayant pas ordonne leur deplacement, il veut mettre pied a
terre aupres d'une maison, pour ecrire l'ordre de les faire retourner,
lorsqu'il entend pousser des cris et tirer des coups de fusil. Ces
bataillons en effet se divisent, et les uns le poursuivent en criant
_arretez!_ les autres veulent lui couper la fuite vers un fosse. Il
s'elance alors avec ceux qui l'accompagnaient, et devance les volontaires
courant a sa poursuite. Arrive sur le bord du fosse, et son cheval se
refusant a le franchir, il se jette dedans, arrive a l'autre bord
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