ouriez pour qu'il ne s'inquietat pas beaucoup du choix. On
lui reprocha alors de vouloir placer sur le trone la maison d'Orleans. Ce
qui porta a le croire, c'est son affection pour le duc de Chartres, auquel
il avait menage a l'armee le role le plus brillant. Mais cette preuve
etait fort insignifiante, car le jeune duc avait merite tout ce qu'il
avait obtenu, et d'ailleurs rien ne prouvait dans sa conduite un concert
avec Dumouriez. Une autre consideration persuada tous les esprits: c'est
que, dans le moment, il n'y avait pas d'autre choix possible, si l'on
voulait creer une dynastie nouvelle. Le fils du roi mort etait trop jeune,
et d'ailleurs le regicide n'admettait pas une reconciliation aussi prompte
avec la dynastie. Les oncles etaient en etat d'hostilite; et il ne restait
que la branche d'Orleans, aussi compromise dans la revolution que les
jacobins eux-memes, et seule capable d'ecarter toutes les craintes des
revolutionnaires. Si l'esprit agite de Dumouriez s'arreta a un choix, il
ne put en former d'autre alors, et ce fut cette necessite qui le fit
accuser de songer a mettre la famille d'Orleans sur le trone. Il le nia
dans l'emigration; mais cette denegation interessee ne prouve rien; et il
ne faut pas plus le croire sur ce point que sur la date anterieure qu'il a
pretendu donner a ses desseins. Il a voulu dire en effet que son projet de
resistance contre les jacobins etait plus ancien, mais ce fait est faux.
Ce n'est qu'alors, c'est-a-dire lorsque la carriere des succes lui fut
fermee, qu'il songea a s'en ouvrir une autre. Dans ce projet, il entrait
du ressentiment personnel, du chagrin de ses revers, enfin une indignation
sincere, mais tardive, contre les desordres sans issue qu'il prevoyait
maintenant sans aucune illusion.
Le 22, il trouva a Louvain Danton et Lacroix qui venaient lui demander
raison de la lettre ecrite le 12 mars a la convention, et tenue secrete
par le comite de surete generale. Danton, avec lequel il sympathisait,
esperait le ramener a des sentimens plus calmes, et le rattacher a la
cause commune. Mais Dumouriez traita les deux commissaires et Danton
lui-meme avec beaucoup d'humeur, et leur laissa decouvrir les plus
sinistres dispositions. Il se repandit en nouvelles plaintes contre la
convention et les jacobins, et ne voulut pas retracter sa lettre.
Seulement il consentit a ecrire deux mots, pour dire qu'il en donnerait
plus tard l'explication. Danton et Lacroix partirent sans avoir rien pu
|