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nous eut souffletes tous les trois que nous n'eussions pas ressenti plus de honte. Bernard, plus hardi, tenta d'arracher l'affiche, mais elle etait solidement fixee et resista. Nous nous precipitames, comme une troupe de renfort, dans la maison assiegee que je m'attendais a trouver pleine de courtilieres. La premiere personne que nous rencontrames fut tante Dine qui gesticulait et parlait toute seule. A peine avions-nous ouvert la bouche qu'elle comprit notre emotion, et sa fureur aussitot depassa de beaucoup la notre: --Oui, _ils_ veulent tout nous prendre. _Ils_ pretendent emparer de notre propriete. J'aurais du mourir plutot que de voir ca. Le mot _propriete_ prenait sur ses levres une grandeur solennelle. Ainsi donc, _ils_ avaient passe la breche; en rangs serres _ils_ avancaient. Hors cette constatation, il ne fallait pas attendre de tante Dine des explications plus claires. Grand-pere, qui rentrait de sa promenade, fut aussitot interroge. Il nous ecarta d'un geste de superbe indifference, et il nous parut planer bien au-dessus de nos inquietudes. N'avait-il pas declare qu'il lui etait indifferent d'habiter cette maison ou une autre? Il avait marche au grand air par cette belle matinee de juillet ou tout le pays ensoleille semblait remuer dans la lumiere, il avait bonne mine, il etait radieux; comment eut-il tolere que nous lui gations son plaisir par quelque facheux commentaire? Il souhaita, au contraire, de nous en communiquer une parcelle. --J'aime, nous dit-il, ce bon soleil d'ete. Et personne ne peut nous le prendre. Cette reponse ne pouvait calmer nos alarmes. Dans sa singularite, elle me frappa jusque dans un moment pareil, ou nous n'avions pas trop de toutes nos energies combatives pour resister a la menace qui pesait sur nous, elle attirait notre attention sur un bonheur tout simple qui n'avait pas de proprietaire attitre et qui etait hors d'atteinte. C'etait une remarque que nous n'avions jamais faite. On ne songe pas, quand on est enfant, qu'on puisse jouir du soleil. Ma mere tenait mes deux soeurs ainees serrees contre elle. Elle tachait a les consoler et n'y parvenait pas, car elle partageait leur peine. A ses pieds, les deux derniers, Nicole et Jacquot, trepignaient au hasard. Qu'on juge de l'effet que nous produisit ce groupe de pleureuses! Louise elle-meme, la rieuse Louise, s'abandonnait a ses larmes. --Voici votre pere, s'ecria maman tout a coup. Ne pleurez plus, je vous en prie.
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